Dans la nuit du 31 Décembre 1956 au 1er Janvier 1957, la famille d'Ahmed, habitant une chaumière isolée dans la région
de Tiaret, dormait paisiblement lorsque des coups se firent entendre, sur ce qui servait de porte : "Nous sommes les moudjahidines du front, ouvrez sinon nous fracassons la porte!" Le chef de famille savait ce que cela voulait dire, les trois enfants (deux filles âgées de 1 et 2 ans et un garçon de 6 ans) étaient apeurés et pleuraient de toute leur force. Le père se leva, s'habilla rapidement tout en grommelant : " Si seulement j'avais un fusil !" Il fit face au groupe se tenant dehors. Se déclencha alors une dispute entre Ahmed et ses ravisseurs et ceux-ci finirent par avoir le dessus et l'emmenèrent avec eux.
Pourquoi cette incursion et qui est Ahmed ?
Ahmed était âgé de 49 ans. C'était un brave homme connu dans toute la région pour son courage et son honnêteté. Il avait servi dans l'Armée Française durant la deuxième guerre mondiale, savait manier les armes et était bon tireur, même tireur d'élite. Ce qui le destina à travailler comme gardien dans la ferme d'un colon. Celui-ci était un ami avec qui il avait effectué le service militaire.
Il reçu l'ordre des moudjahidines de quitter ce travail. C'était son gagne pain qui permettait à sa famille de vivre... Il refusa, sûr, qu'il ne courait aucun danger, vu sa situation sociale, qui le préservait croyait-il des menaces des moudjahidines et des colons s'il quittait son travail.
Cette attitude de naïveté a été aggravée par une incartade fatale pour lui. Un jour de marché, un homme avec qui il était en désaccord, s'était présenté comme l'envoyé des moudjahidines, venu lui rappeler l'ordre de quitter sans tarder son travail. Ahmed lui répondit qu'il n'était pas question qu'il quitte son gagne-pain et devant l'insistance de l'envoyé ou un mot déplacé de sa part, Ahmed lui asséna une gifle, ce qui lui fut fatal. Pendant cette guerre, souvent les conflits personnels, les rancœurs prenaient le dessus sur les questions idéologiques et politiques. Beaucoup de pauvres algériens, indigènes comme moudjahidines furent égorgés parce qu’ils ont fait l'objet d'une dénonciation malhonnête d'un rival ou pour une question d'honneur...
C'est ainsi que la jeune épouse d'Ahmed se retrouva veuve avec trois orphelins et une naissance attendue. La famille se trouva totalement démunie, sans aucune ressource... La veuve fût atteinte de délires et les enfants furent recueillis par des personnes pauvres, qui ne pouvaient leur offrir que le minimum. La famille fût dispersée dans quatre familles différentes. Deux mois après naquît une fille qui sera adoptée par une autre famille à cause de l'état mental de la maman. L'aîné ne retourna pas à l'école française, à laquelle, son père avait tenu à l'inscrire au début de l'année scolaire. Pauvre et habitant la campagne, feu Ahmed l'avait fait héberger chez sa tante qui habitait la ville et dont les filles fréquentaient la même école. Feu Ahmed avait fait le serment que tous ces enfants, le garçon et les filles seraient scolarisés. Les moudjahidines en ont décidé autrement, justement parce qu’ Ahmed voulait imiter les européens malgré sa pauvreté. Imiter les européens est un crime...
Quelques années plus tard, la mère guérie de sa folie passagère, entreprit de faire des démarches pour l'obtention d'une aide de l'état français sur le conseil de personnes bienveillantes. Elle était ignorante, ne connaissait que son douar duquel elle ne s'était jamais éloignée, ne possédait aucun papier et était dans le dénuement le plus total. Malgré ce handicap, il s'est toujours trouvé des gens qui ont voulu l'aider à retrouver ses moyens et établir des contacts avec l'administration coloniale pour régler son problème. Après une année de démarches et de déplacements, de paperasses et de tracasseries administratives, la veuve réussit à bénéficier d'une pension décente pour faire vivre sa famille. Elle habitat la ville et scolarisa ses enfants qu'elle avait récupérés...
Actuellement, tous les enfants d'Ahmed vivent en Algérie, aisément. Le garçon est médecin, l'une des filles est avocate, les deux autres sont enseignantes et ils aspirent tous à la retraite. Ils continuent de se réunir à chaque occasion et au moins une fois par an, ils ra******* à leurs enfants les origines des divisions actuelles dans notre société, dans la hiérarchie desquelles se trouve la "famille révolutionnaire", autrement dit, ceux qui nous ont libérés, parce que sans eux nous serions toujours sous l'occupation coloniale. Le membre de la "famille révolutionnaire" exige reconnaissance et estime, pour ce service qu’ils nous ont rendu. Les enfants d'Ahmed, ne sont que les enfants d'un "égorgé" et il paraît qu'ils n'ont même pas le droit de vivre en Algérie parce qu'ils auraient dû suivre la France et y vivre. Ils appartiennent d'après la "famille révolutionnaire" au "parti" de la France et devraient être bannis de leur pays.
Ce système est traduit dans les textes : ils ne peuvent se porter candidats à une élection présidentielle parce que le code électoral stipule qu'ils doivent prouver que leur père n’a pas eu une attitude contraire à la "révolution". Or il a été jugé traître par les moudjahidines... en 1956.
Les incultes continuent à décider pour l'Algérie.
Témoignage de victime des exactions du FLN-ALN
XX,fils d'Ahmed
Alger le 15 juillet 2011.
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2011-11-23, 17:34
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