On ne peut s’empêcher à l’orée de cette troisième édition du festival des musiques du désert d’avoir une pensée à ce fou du Sahara qui nous a quitté si tô tothmane bali . L’été dernier il fut emporté par des crues dévastatrices dans le Tassili qu’il a tant aimé et contribué à faire aimer. Là où la nature est parcimonieuse, elle fut prodigue à l’excès et sans merci … Un des amoureux du désert, un fils du désert nous manque et notre univers, nous autres sahariens, est dépeuplé …
Le fier touarègue – excusez le pléonasme – était avec nous quand cette idée d’un festival des musiques du désert venait d’éclore … c’était déjà quatre ans … Il est venu avec sa famille qui faisait le plus gros de sa troupe. Réservé, comme tout bon saharien, il s’est vite ouvert quand il s’est senti en famille … Il était adopté et le poète qui l’habite a senti l’affection que lui ont porté les pèlerins du désert tout comme ses enfants. Alors il a dansé. Il a chanté. Non sur scène comme on imaginerait. Mais avec le peuple. Avec les enfants du coin, et pourquoi le taire, avec les militants Amazighes des Aït Atta, de Aït Marghad ou ailleurs. C’était leur idole. Et bali avait compris … Avait compris ce que nous devons garder en mémoire : Le Sahara est communion. Malheur à ceux qui veulent en faire un clivage.
Le lendemain,bali qui ne s’est départi de son beau boubou et son voile touarègue, se rendit pour la prière du vendredi au Mausolée de Moulay Ali Chérif. Le Saharien de tout temps, en tout lieu honore les saints et les aïeux … même de formation. Il y a dans l’esprit du Saharien, ce qui est peut – être spécifique à lui, une connivence heureuse entre le rationnel et le spirituel.
Quant des bourgeois faisaient signe d’inquiétude, sur les dunes de Merzouga, des gouttes de pluies qui allaient leur gâcher leur soirée, ou leur festival, Bali dira sans ambages : Pensez à ceux dont cette pluies fera le bonheur … Il arrive souvent à l’homme d’oublier, en cours de courte, les fins et de confondre moyens et objectifs. Les plus lucides n’oublient point et ne confondent jamais. Le but de toute action est l’Homme (avec un grand H) c’est-à-dire les humains où qu’ils soient.
othmane là où tu es dans ce désert du Tafilalet on s’incline devant ta mémoire. Tu nous habites à jamais.