En langue arabe, le dhikr c'est la remémoration de la chose, le fait de ne pas oublier et son évocation incessante par la langue.
-Al-Wâhidî a dit :
"Dans son emploi d'origine en langue arabe, le dhikr signifie le fait d'avertir d'une chose. Faire le dhikr d'une chose à quelqu'un c'est l'avertir de cette chose."
[voir tahdhîb al-lugha (10/162), tâj al-`arûs (3/226), tahdhîb al-asmâ² wa-l-lughât (3/9-13)]
Quant au sens du dhikr du point de vue religieux, il est large, il inclut toutes sortes d'actes d'obéissance qui rapprochent le serviteur d'Allah.
-Abû al-`Abbâs az-Zajjâj a dit :
"Le dhikr est employé pour désigner la prière, la récitation du Coran, la glorification d'Allah, l'invocation, le témoignage de la reconnaissance [à Allah] et Son obéissance."
[voir tahdhîb al-lugha (10/163)]
-Dans son explication de la parole d'Allah (traduction rapprochée) :
{Invoquez-Moi, Je vous invoquerai - fa-dhkurûnî adhkurkum- } [Sourate al Baqara verset 152]
L'imâm al Qurtubî (voir l'ouvrage d'exégèse -tafsir- d'al Qurtubi (2/166)) a dit :
"Dans son emploi d'origine, le dhikr c'est le fait d'être attentif avec son coeur à quelque chose et d'en être conscient.
Le dhikr par la langue est appelé dhikr parce que c'est une preuve du dhikr par le coeur, mais l'emploi de ce terme pour désigner sa prononciation par la langue est tellement fréquent qu'il est devenu le sens premier qui vient à l'esprit.
Le sens de ce verset est : "Invoquez-Moi par votre obéissance, Je vous invoquerai par Ma récompense et Mon pardon."
Sa`id b. Jubayr a dit : "Le dhikr c'est l'obéissance à Allah. Quiconque obéit à Allah a d'ores et déjà invoqué Son Nom, tandis que celui qui ne Lui obéit pas n'est pas un "invocateur" -dhâkir- même s'il répétait sans cesse les formules du tasbîh (Gloire à la transcendance d'Allah) et du tahlîl (Nul n'est digne d'être adoré en dehors d'Allah) et récitait souvent le Coran."
[Ce récit de Sa`id b. Jubayr est rapporté par Ibn al-Mubarak dans son ouvrage L'ascèse - az-zuhd - (p.35) et Abu Na`im dans son ouvrage Hilyat al-awliya (4/276)]
-Les savants Ibn Hajar, al-`Aynî, al-Mubârak Fûrî, al Manâwî et as-Sa`dî [voir Fath al Bari (11/209-212), `umdat al-qârî (23/26), fayd al-Qadîr (4/332), ar-riyâd an-nadira de `Abd ar-Rahmân as-Sa`dî (p245), tuhfat al-ahwadhî (9/222)] attestent tous que l'on entend par le dhikr la prononciation des formules que les données traditionnelles recommandent de prononcer de manière assidue, comme les formules :
"Nul mouvement et nulle force que par Allah !" -hawqala,
"Au nom d'Allah !" -basmala,
"Allah nous suffit ! C'est le meilleur Garant!" -hasbala,
"la demande de pardon" -istighfâr,
ainsi que d'autres formules, de même l'imploration des biens de ce monde et de l'Autre.
Le dhikr d'Allah est également employé pour désigner l'assiduité dans l'accomplissement des oeuvres imposées ou recommandées pas la Charia, comme la récitation du Coran, l'apprentissage des hadith-s, l'étude de la Science, l'accomplissement à titre surérogatoire de la prière, etc.
Tout cela fait partie du dhik d'Allah.
Le champ d'action du dhikr d'Allah est large, il touche tous les domaines de la vie du musulman, il touche ses actions, son discours, son silence, ce qu'il cache, ce qu'il divulgue et tous ses états.
Les Mérites de l'Evocation d'Allah - d'Ibn al-Qayyim, p.9-10
Imam Muhammad Ibn Abî Bakr Ibn Qayyîm al-jawziya - الإمام محمد بن أبي بكر ابن قيم الجوزية