La stratégie de développement (1962-1980) - منتديات الجلفة لكل الجزائريين و العرب

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La stratégie de développement (1962-1980)

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Chapitre I

L’Histoire des Nations nous apprend que depuis la nuit des temps, l’Etat, en tant qu’entité politique, économique, juridique et puissance publique, a eu à intervenir pour pallier les insuffisances des particuliers. Il est des exemples de l’Egypte Ancienne où l’Etat avait ses huileries, à la Rome Antique qui se chargeait de pourvoir la Cité en blé, aux U.S.A où l’Etat intervenait dans la gestion des manufactures pour réguler, un tant soit peu, l’activité du pays ou de la région, à l’Allemagne où l’Etat, à travers les Lands, a des accords de partenariat avec les compagnies privées, à la France où l’Etat est totalement propriétaire, ou à tout le moins majoritairement propriétaire de secteurs tels la Poste, la S.N.C.F, etc … qui nous renseignent sur l’intervention de l’Etat dans la gestion courante des affaires de la Cité.
De tous les exemples cités plus haut, on retiendra que l’Etat a eu à intervenir, et intervient toujours, dans le circuit économique des pays dits libéraux sans pour autant considérer que ceci est une hérésie. Ou serait donc le mal, si dans un pays sous-développé, l’Etat devait intervenir pour mettre en place un Secteur Public assez important pour pallier l’insuffisance, pour ne pas dire l’inexistence, de l’initiative productive privée.
Ainsi donc, en Algérie, pays sous-développé, anciennement colonisé, à économie déstructurée, la naissance et l’existence d’un Secteur Public ne devraient pas être considérées comme étant un mal, bien au contraire.
Dans notre manière de présenter les faits nous distinguerons, durant la période 1962-1980, deux sous-périodes :
La première de 1962 à 1966, considérée par certains comme période d’attente et par d’autres comme étant une période de décantation par rapport aux courants et aux luttes quant à l’orientation à donner à la stratégie de développement.
La deuxième période de 1967 à 1980, considérée comme étant la résultante de l’émergence d’un certain rapport de forces politico-socio-économique favorisant l’apparition, le développement et le renforcement d’un Secteur Public considéré comme moteur du développement.
A. La période d’attente ou de décantation (1962-1966)
Ce qu’il faut retenir de cette période, c’est qu’il n’existe, à cette époque, aucune force sociale capable de prendre en charge, de manière exclusive, la direction du pays, et de ce fait aucune force sociale traditionnelle n’a été capable d’imposer une stratégie socio-économique de développement en adéquation avec ses propres intérêts (autogestion ou privatisation) et ce pour différentes raisons liées à l’absence d’une doctrine économique claire, cohérente et dominante.
En premier, il y a lieu de noter que l’expérience d’autogestion de l’été 1962 va être remise en cause par les décrets de Mars 1963 où à côté d’organes élus pas les travailleurs, nous aurons un directeur nommé par la tutelle, lequel directeur va prendre de plus en plus d’ampleur et par voie de conséquence diminuer de plus en plus les prérogatives des organes élus, quand il n’est pas totalement interdit aux travailleurs de s’approprier les biens agricoles et/ou industriels laissés vacants par les colons.
Dans le même ordre d’idées, la Réforme Agraire bien que prônée par tous les textes fondamentaux de la Révolution Algérienne, se *******era de reboisements, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, la politique de distribution du « crédit agricole va favoriser beaucoup plus le Secteur Privé » que le secteur étatique puisque durant la même période l’enlisement des domaines, laissés vacants par les colons, dans des considérations bureaucratiques va mener à une démobilisation des travailleurs les plus actifs et donc vers « une baisse de la productivité et une stagnation de la production »

Le même paradoxe va se retrouver aux niveaux industriel et commercial où nous constatons une batterie de mesures des protections douanières favorisant l’émergence d’une bourgeoisie industrielle (biens de consommation surtout) et la domination du circuit commercial du gros par des groupes privés alors qu’au même moment l’Etat lançait de petits projets dans le secteur des biens de consommation (textiles, alimentation, etc.) et procédait à la création d’un Office National de Commercialisation.
A l’évidence, les différents exemples, que nous venons de citer, nous édifient sur l’importance réelle des forces sociales locales en présence.
Pour ce qui est du Capital Etranger, sa place, son rôle et son importance sont relativement codifiés par les Accords d’Evian au même titre d’ailleurs que le sacrifice de la bourgeoisie agraire coloniale sur l’autel du monopole des sociétés françaises au Sahara (monopole français sur les richesses pétrolières et gazières du Sahara).
Ainsi donc, si l’on admet que cette période fût un temps mort économiquement parlant, il n’en reste pas moins qu’elle fût très vivante d’un point de vue politico-social. De ce fait, le recul de la Charte d’Alger (1964) par rapport à celle de Tripoli (Juin 1962) ainsi que l’ouverture d’un débat sur la stratégie de développement et la place du capital privé national d’une part et le silence remarqué quant à la Réforme Agraire d’autre part, trouvent leur explication dans la stratégie d’«Union Nationale » adoptée par le Congrès du F.L.N (Charte d’Alger 1964).
C’est en intégrant ces éléments socio-politiques que l’on pourra comprendre cet équilibre instable qui a caractérisé la période sus-citée. Nous sommes en présence d’un mouvement historique et donc d’un mouvement dont le caractère n’est pas linéaire mais plutôt dialectique.
B. La stratégie de développement (1967-1980)

B-1. Conditions d’émergence du Secteur Public

Un premier constat a lieu d’être fait, et il est simple: l’existence ou la non- existence d’un Secteur Public n’est pas le fruit du hasard. Elle est la résultante de processus politiques et socio-économiques bien précis. Ceci étant, il nous semble utile de poser la question de savoir ce que nous entendons par Secteur Public avant même de disserter sur son existence ou sa non-existence.

B-1-1. Qu’est ce que le Secteur Public

Nous pouvons dire, en paraphrasant le professeur A.Benachenou, que le Secteur Public est un ensemble d’entreprises appartenant juridiquement à l’Etat, qui a la faculté d’affecter les investissements selon son pouvoir économique et dont les cadres dirigeants sont nommés par son pouvoir politique.

B-1-2. Les conditions d’émergence du Secteur Public
Il est communément admis que pour qu’une force sociale puisse faire servir ses intérêts par l’Etat, il faut qu’elle présente ses intérêts comme étant ceux de la communauté dans son ensemble et dans ce cas, cette même force sociale n’a aucun intérêt à ce qu’apparaisse dans sa sphère d’accumulation un Secteur Public autonome et concurrent à l’exception de son intervention dans une certaine sphère d’activité, de manière transitoire et selon la logique d’accumulation du capital propre à cette même force sociale dominante.
Dans ce cas précis, le Secteur Public apparaît comme solution à une contradiction passagère de l’accumulation du capital c’est-à-dire que les « profits réalisés ne servent pas au développement ultérieur de cette accumulation »

En Algérie, à côté de la vacance de l’Etat en tant qu’instance qui centralise et coordonne les appareils d’Etat, l’existence d’un Secteur Public autonome est due à :
- la faiblesse de la bourgeoisie locale,
- la faiblesse du capital étranger à l’intérieur de la formation sociale,
- la faiblesse ou même l’inexistence d’un prolétariat, c’est-à-dire d’une organisation de classe capable de « proposer immédiatement et organiquement un modèle de direction économique décentralisée : autogestion agricole ou industrielle avec une coordination planifiée »

A ces trois conditions, nous y ajouterons une autre et c’est celle relative à l’existence d’une catégorie sociale à vocation de classe et donc intéressée à se donner une base économique.

Nous savons qu’il n’existe pas de formation sociale qui ne comporte que deux classes c’est à dire celles par où passe la contradiction principale « dominant/ dominé ». De ce fait, force est d’accepter l’existence de fraction, catégorie ou couche sociale qui recouvre des pratiques de classe « conjoncturellement non classée ».
Par ailleurs, si « le droit entérine en général la propriété économique (il se peut) que les formes de propriétés juridiques ne coïncident pas avec la propriété économique réelle ».
Partant de là, cette catégorie sociale, ou fraction de classe, appartenant au bloc au pouvoir va devoir se donner les arguments économiques qui feront en sorte que «… les différentes fonctions (économiques, politiques, idéologiques)…dans la reproduction des rapports sociaux (ne soient pas) des fonctions neutres ou contraires à ses aspirations et pratiques conjoncturelles de classes » sachant que ces dernières (les fonctions) dépendent des classes et fractions qui « occupent le terrain de la domination… par la détermination du rôle et l’articulation (à tous les niveaux) des fonctions économiques, politiques et idéologiques ».
Ainsi cette catégorie, dans des conditions bien spécifiques, de manière conjoncturelle et concrètement « peut avoir des positions de classe prolétarienne ou qui (la) rapprochent de la classe ouvrière ».
Ainsi, il ne s’agit point d’un classement mais d’une « oscillation » caractéristique de la petite bourgeoisie guidée par un certain rapport de force politico-idéologique d’où la nécessité « de la cimentation du peuple contre la bourgeoisie ».
Dans les pays à capitalisme dominé, comme c’est le cas de l’Algérie, cette catégorie sociale ne peut être que la petite bourgeoisie ayant en son sein certaines différences sociales selon le niveau de technicité et de culture atteint.
L’élite de la petite bourgeoisie ayant un niveau technique et/ou universitaire très avancé va de ce fait occuper les appareils d’Etat et tenter de traduire, économiquement, sa prédominance sur les classes sociales traditionnelles (bourgeoisie agraire ou industrielle et travailleurs paysans)
Il est clair que pendant la période dite d’ « attente » si les conditions politico-socio-économiques militent en faveur d’un Secteur Public relativement libre de ses mouvements par rapport au Capital national et étranger d’une part, et par rapport aux travailleurs industriels et aux petits paysans d’autre part, il n’en reste pas moins que pour pouvoir concevoir une stratégie de développement à travers la mise en place d’un Secteur Public et par-là même, asseoir sa domination, il faut avoir les moyens techniques et financiers de sa politique.
La période 1962-1966 a consisté, justement, en une tentative d’élargissement et de consolidation de cette base économique, qui y faisait défaut, en y intégrant de manière « cahoteuse » mais progressive les différentes entreprises industrielles autogérées dans des entreprises publiques et en y étatisant l’autogestion.
Bien évidemment, cela ne peut suffire et en conséquence, nous constatons une stagnation totale de l’économie malgré la mise en place de barrières douanières et la création de quelques unités de production, survivance du Plan de Constantine, comme par exemple l’usine de montage de Berliet, la sidérurgie à Annaba, la prise de participation de Sonatrach dans le circuit de commercialisation et d’exploration– avec quelques 11% - , la nationalisation des banques, des mines, etc.
En conséquence de cette stagnation, l’avenir de la majorité de la population algérienne ne semble guère radieux, c’est ce qu’a compris, assez vite, la petite bourgeoisie en mettant en place une stratégie de récupération des richesses nationales et en lançant un programme d’industrialisation considéré comme solution-miracle à la paupérisation de la population algérienne.

B-2. Le modèle de développement algérien ou l’industrialisation comme stratégie de développement
B-2-1. L’industrialisation comme stratégie de développement

Avant de parler du modèle de développement algérien, il nous est apparu nécessaire de revenir sur les raisons qui ont présidé aux choix faits en matière de stratégie de développement.
En effet, dans beaucoup de pays, les modèles de développement proposés assimilent, assez souvent, industrialisation et développement. Il est vrai que l’Histoire enseigne que développement et industrialisation sont des phénomènes intimement liés, mais est-ce suffisant pour assimiler l’industrialisation au développement.
Pour notre part, et avec d’autres, nous dirons que l’industrialisation, bien pensée, est l’une des conditions nécessaires au développement. Nous dirons, également, que le développement est un processus perpétuel et dynamique. Il est un mouvement continu de transformation d’une formation sociale donnée aussi bien au plan matériel (production, consommation, revenu, etc. ) qu’aux plans psychologique, sociologique et culturel, car le développement ne doit pas être conçu comme une « rurbanisation » (M.Lacheraf). De même, le développement ne doit pas être perçu comme un objectif final à atteindre et sans lendemain. Le développement n’est pas un phénomène statistique. Le développement ne peut être que dynamique et de ce fait un pays est toujours sous-développé, à un moment donné de son histoire, par rapport à un autre.
De ce fait le développement, perçu comme un processus en perpétuel mouvement, devrait permettre une industrialisation, et non pas une politique industrielle tout court, pensée dans le cadre d’une stratégie globale de développement à même de résoudre la crise de l’accumulation et donc d’éliminer les obstacles qui pourraient contrecarrer une évolution autonome du pays en fonction de ses spécificités, de ses besoins et de l’environnement international. C’est à l’intérieur de ce processus de transformation, permanent, que doit s’insérer l’industrialisation comme pierre angulaire de la croissance et l’aménagement, ou la mise en place, d’une politique industrielle définie comme étant l’ensemble des mesures à prendre pour organiser et aménager un tissu industriel existant ou à créer.
En prenant exemple sur les pays développés d’Europe, d’Amérique et d’Asie, l’Algérie va opter pour l’industrialisation qui, comme le dit François Perroux, est « la restructuration d’un ensemble économique et social sous l’influence des machines ».
Au-delà de l’aspect économique, qui consiste en l’élévation du rythme de croissance, l’industrialisation est un choix politique visant à asseoir, à renforcer et à élargir la base économique d’une catégorie sociale présente dans les appareils d’Etat et qui est la petite-bourgeoisie.



B-2-2. Le modèle de développement algérien ou les industries industrialisantes
Face à la crise de l’accumulation, puisque « les profits réalisés ne servent pas au développement ultérieur de cette accumulation … », la question se pose de savoir si la stratégie choisie va tenter de mettre en adéquation « l’état des techniques et des marchés dans le cadre du capitalisme… » ou bien au contraire allons-nous avoir affaire à une stratégie de développement en faveur des plus démunis ou ce que l’on a dénommé « la transition vers le socialisme ».
Ainsi donc, chercher à démontrer que la théories des « industries industrialisantes » est à la base de la stratégie algérienne de développement revient à énoncer une « lapalissade ». Ce qu’il importe de savoir, c’est qu’à l’origine, c’est la Charte de Tripoli (2eme Congrès du F.L.N, Juin 1962) qui a approfondi les objectifs politiques et économiques du Congrès de la Soummam (1er Congrès du F.L.N Août 1956) qui prônait « la libération totale du territoire… le pouvoir au peuple… la terre aux paysans… la liquidation de l’économie coloniale et l’édification d’une économie nationale indépendante… ». Quant à la Charte de Tripoli, il s’est agi pour elle de « régler » d’une certaine manière le développement car « le développement réel et à long terme du pays est lié à l’implantation des industries de base nécessaires aux besoins d’une agriculture moderne. A cet égard, l’Algérie offre de grandes possibilités pour les industries pétrolières et sidérurgiques. Dans ce domaine, il appartient à l’Etat de réunir les conditions nécessaires à la création d’une industrie lourde… . A aucun prix l’Etat ne doit contribuer à créer, comme cela s’est fait dans certains pays, une base industrielle au profit de la bourgeoisie locale dont il se doit de limiter le développement par des mesures appropriées …».
Ainsi donc, l’idée de base est toute simple : la crise de l’accumulation ne peut être résolue que par l’élévation du niveau de vie des masses et donc l’amélioration de la production et de la productivité du travail agricole et industriel, c’est-à-dire, en d’autres termes, permettre l’élargissement du marché aussi bien pour les biens industriels qu’agricoles. Pour ce faire, il faut mettre en place des « industries industrialisantes » c’est-à-dire « celles dont la fonction économique fondamentale est celle d’entraîner dans leur environnement, localisé et daté, un noircissement systématique de la matrice industrielle et des fonctions de production grâce à la mise à la disposition de l’entière économie d’ensembles nouveaux de machines qui accroissent la productivité du travail et entraînent la restructuration économique et sociale de l’ensemble considéré en même temps qu’une transformation des fonctions de comportement au sein de cet ensemble ».
Ainsi, « le développement réel et à long terme du pays est lié à l’implantation des industries de base nécessaires aux besoins d’une agriculture moderne ». De ce fait, en tant qu’élément d’une politique industrielle, le choix fait en faveur des industries de biens de production exprime la volonté de construire une économie nationale indépendante. Ce qui implique un a-priori politique concernant les forces sociales qui devront mettre en œuvre cette politique de développement : les industries industrialisantes ne sont en fait que le contenu technique d’un choix politique pour mener à bien « l’indépendance économique » et dont la finalité sociale repose sur le choix et l’origine des forces sociales qui mettent en œuvre ce choix politique.
Par ailleurs, en paraphrasant N.Poulantzas et d’autres auteurs, si on tient compte, dans le procès de production, du primat des rapports de production sur les forces productives, on est amené à déduire que l’Etat joue un rôle décisif dans les rapports de production et qu’il aurait « la capacité d’affecter les moyens de production à des utilisations données et de disposer, ainsi, des produits obtenus (et) de mettre en œuvre les moyens de production et de maîtriser le procès de travail (puisque c’est) en considérant le procès économique et les rapports de production comme réseau de
pouvoir que l’on peut saisir le fait que ces rapports de production, comme pouvoirs, sont liés constitutivement aux rapports politique et idéologique qui les consacrent et les légitiment et qui sont présents dans ces relations économiques… Ces rapports … sont d’ailleurs matérialisés dans des institutions – appareils spécifiques : les entreprises- usines- unités de production, lieux d’extraction de la plus-value et d’exercice de ces pouvoirs ».
De même, sachant que toute technique n’est pas neutre, il s’agira de comprendre et d’expliquer le choix politique d’une technique prise en charge par l’Etat mais réellement guidée par des forces sociales agissant pour leur intérêt spécifique.
Sachant que l’Etat, puissance publique et « constituant l’unité politique des classes dominantes », n’est pas :
- «… uniquement Chose totalement manipulée par une classe dominante et donc sans autonomie aucune… »
- « … uniquement Sujet (c’est à dire en d’autres termes cette) instance rationalisante de la société civile… ».
L’Etat « représente et organise les intérêts du bloc au pouvoir, (il est) l’unité des classes dominantes, (il est) la condensation matérielle et spécifique d’un rapport de forces entre classes et fractions de classes ».
En d’autres termes, quelles sont les forces politiques qui sont derrière la Charte de Tripoli (2ème Congrès du FLN Juin 1962). La réponse à cette question nécessite l’étude de la nature de l’Etat algérien. Or cela n’est pas notre but. Mais ce qui est évident c’est que « le pouvoir au peuple », « la terre aux paysans » et « l’édification d’une économie nationale indépendante intégrée » ne pouvaient se réaliser que par l’industrialisation du pays.
C’est donc l’industrie, et plus précisément l’industrie lourde, qui va constituer la pièce maîtresse de la stratégie de développement. Pour cela, il est différents facteurs qui ont milité en faveur de ce choix dont :
- l’agriculture et les B.T.P ne peuvent assurer à moyen et long terme des solutions durables à la crise d’accumulation du capital car :
 l’agriculture se caractérise par une productivité faible,
 les B.T.P ne fournissent que des emplois temporaires.
- l’existence de ressources énergétiques et minières assez importantes et dont la mise en valeur va permettre la mobilisation et l’accroissement des ressources financières.
Cependant, il apparaît que ce type d’industrialisation, c’est-à-dire la mise en place d’industries sidérurgiques et chimiques de base aptes à permettre le développement d’industries de transformation (mécaniques, électriques), ne créent pas beaucoup d’emplois pour les masses puisque ceux qui sont créés, dans un premier temps, nécessitent une certaine qualification, d’où la nécessité de lancer une réforme agraire à même de fixer les populations rurales et relancer le « bâtiment », par la mise en place d’une industrie de matériaux de construction, pour absorber la main d’œuvre non-qualifiée.
Par ailleurs, ce qu’il faut souligner, et toujours par rapport à l’emploi, c’est que dans les différents textes relatifs au modèle de développement, l’emploi était conçu comme un effet du développement et non pas comme objectif principal du développement.
Le modèle économique choisi accordait une très grande importance au Secteur Public dans le processus du développement qui ne pouvait se réaliser que par la mise en place d’une « industrie industrialisante », seul moyen de permettre et promouvoir une économie indépendante et intégrée.
De ce fait, c’est l’existence d’une industrie puissante qui garantira l’emploi aux plus démunis et donc aux moins qualifiés car parler « d’une économie nationale signifie avant tout exploiter les richesses du pays pour le bénéfice exclusif du peuple » et ce d’autant plus qu’« il s’agit pour un pays moins développé d’opérer un changement radical de ses structures d’exportation permettant aux recettes d’exportation, non seulement de se diversifier, mais aussi d’augmenter (les recettes) par l’intégration d’une plus grande valeur ajoutée. En d’autres termes, au lieu d’exporter des matières premières à vil prix, le pays exportera le travail de son peuple. C’est ce que signifie l’industrie…La première étape de l’industrialisation entraîne d’autres avantages dont la création d’un marché local, c’est à dire moins de dépendance » et surtout si l’on sait qu’« avec l’industrialisation il se réalisera une symbiose entre l’Industrie et l’Agriculture qui assurera des complémentarités réelles à l’intérieur du pays ».
De ces trois extraits de discours, il apparaît clairement que les maîtres-mots de la stratégie algérienne de développement sont : indépendance – introversion - intégration économique à travers une industrialisation « pensée et réfléchie » dans le cadre d’un plan visant à « renforcer l’indépendance économique… à travers une expansion rapide de la production ».
Ceci dit, le modèle suppose donc la mise en place d’une industrie de base c’est à dire d’une industrie produisant des biens d’équipements et entraînant, en amont et en aval, la croissance de l’économie par l’accélération de la mise en place d’autres industries mécaniques et électriques de transformation qui, elles, sont créatrices d’emplois et pourvoyeuses de moyens de production pour le secteur agricole et les B.T.P. De ce fait, et en se référant à la structure des investissements des différents plans, nous aurons une idée assez précise de cette politique de développement.
B-2-3. La planification comme outil de la stratégie de développement
Dans notre manière de considérer la stratégie de développement, à travers les montants investis, et telle qu’elle est illustrée par le tableau n°01, nous distinguerons pendant cette période (1967-1977) :
- le pré-plan ou le plan triennal (1967-1969)
- le premier plan quadriennal (1970-1973)
- le deuxième plan quadriennal (1974-1977)

Tab: n°01 Structure des investissements réalisés en milliards de dinars
pour la période 1967-1978*
Période
Libellé 1967-1969 1970-1973 1974-1977 1978
Vol % Vol % Vol % Vol %
Hydrocarbures 2,7 28 9,8 27 36 30 15 28
Biens intermédiaires et équipements 2,2 22 9,7 27 33 30 14 26,2
Biens de consommation 0,45 6 1,3 3 5 4,3 4 7,6
Total Industrie 5,4 56 20,8 57 74,2 64,1 32,5 61,8
Agriculture 1,6 16 4,6 13 5,8 4,7 2,4 4,5
Infrastructure et autres 2,7 28 11,3 30 40,8 33 17 33,7
TOTAL 9,7 100 36,7 100 120,8 100 52,6 100
* Source : MPAT tiré de A.Benachenhou, Planification et développement en Algérie (1962-1980)

Par ailleurs, il nous semble utile de préciser que si, pour le planificateur algérien, le pré-plan ou triennal (1967-1969) et le premier plan quadriennal (1970-1973) sont considérés comme étape de « l’intégration et du démarrage » ou la réunion et mise en place des conditions techniques, économiques, politiques et idéologiques, le second plan quadriennal (1974-1977) est considéré comme étant la période de « densification – diversification » correspondant à la maturation des investissements.
a/ Le pré-plan ou le plan triennal (1967-1969)
De manière assez succincte, nous dirons que le premier plan, si nous devons l’appeler ainsi, fait surtout un état des lieux quant aux besoins et potentialités du pays avec une première tentative de mise en place des bases d’un secteur industriel avec une primauté accordée à l’industrie pétrolière, au sens large du terme, c’est à dire aussi bien l’exploration et l’exploitation que la mise en place d’une infrastructure nouvelle pour l’exportation du pétrole à savoir : extension des réseaux électriques, routes, gazoducs, oléoducs.
b/ Les plans quadriennaux (1970-1973) et (1974-1977)
b-1 Le premier plan quadriennal (1970-1973) : Comparativement au pré-plan, le premier plan quadriennal de l’Algérie indépendante mobilisera 9.2 milliards de dinars/an soit trois fois plus que ce qu’avait nécessité le pré-plan ou triennal qui n’a mobilisé, annuellement, que 3.2 milliards de dinars .
Ce triplement des montants alloués nous renseigne sur la politique d’intégration et de démarrage qui consistait en une forte al******** d’investissements pour les industries de biens d’équipements.
b-2 Le deuxième plan quadriennal (1974-1977) : Le deuxième plan quadriennal (1974-1977) va mobiliser environ de 30 milliards de dinars /an et confirmer ainsi la stratégie de développement initiée antérieurement par la promotion d’une croissance économique généralisée auto-porteuse puisque la période de maturation des investissements antérieurs va rendre possible la période dite de densification – diversification.
Premières évaluations de la période 1967-1977
Ainsi, si l’on doit tirer une première conclusion, on remarquera que les investissements sont allés crescendo : d’environ 3 milliards de dinars/ an pour le triennal, les sommes allouées vont décupler pour le deuxième plan quadriennal et atteindre 30 milliards de dinars/ an.
Au cours de cette période (1967-1977), l’action d’investissement s’est élevée à un niveau très important et c’est ce qui a permis à des secteurs tels que la Santé, la Formation, l’Hydraulique et l’Agriculture de bénéficier de montants importants bien que leurs parts restent relativement faibles par rapport au secteur de l’Industrie tels les hydrocarbures et les biens de production.
En fait, la part encore très importante des hydrocarbures s’explique aisément par la politique de nationalisation et la mise en place d’une industrie de liquéfaction comme forme d’exportation du gaz naturel.
Pour ce qui est de la croissance des investissements dans le secteur des industries des biens de production, elle est la suite logique de la densification- diversification (ou noircissement de la matrice industrielle) du tissu industriel mis en place.
Fondamentalement donc, la stratégie de développement initiée durant la période 1967-1977, et ce à travers les différents plans, et les modes d’organisation retenus (Gestion Socialiste des Entreprises et Révolution Agraire auxquelles on peut ajouter la Révolution Culturelle), partait d’une option politique qui voulait que l’Algérie ne place pas son développement socio-économique dans le cadre d’une intégration internationale non-profitable au pays, et de ce fait, il fallait créer « les conditions de base pour une croissance économique généralisée et auto-soutenue ».
L’Algérie ayant un potentiel pétrolier et gazier non négligeable, ceci sans préjuger des autres richesses minières dont dispose le pays (phosphate, minerai de fer, zinc, tungstène, marbre, uranium, or, etc … ), c’est somme toute logiquement que l’Algérie a opté pour l’industrialisation comme clé du développement.
Si l’on peut penser que le choix politique déclaré et le rapport des forces dominant au sein du bloc au pouvoir était relativement « progressiste » et favorisait les plus démunis par un volontarisme de bon aloi, il n’en reste pas moins que le choix fait s’est traduit sur le terrain par certains dérèglements préjudiciables au développement tel que pensé et réfléchi initialement.
Ainsi, sans préjuger du choix politique et en nous concentrant sur le contenu technique de la stratégie de développement, en examinant les données relatives aux investissements prévus et ceux réalisés, en comparant les sommes allouées au secteur industriel et celles affectées aux autres secteurs (agriculture, santé, etc … ), bref, si nous analysons la structure des investissements durant la période sus-citée (1967-1977), nous nous sentirons obligés d’émettre non seulement quelques réserves, mais aussi de nous poser quelques questions quant à l’opportunité de certains investissements.
Durant la période des trois plans (1967-1977) l’investissement annuel va décupler. Ainsi si pour le pré-plan il est de 3.2 milliards de dinars, pour le premier plan quadriennal il va tripler et passer à plus de 9 milliards de dinars pour atteindre plus de 30 milliards de dinars, sans oublier que pour la seule année de 1978 les investissements se chiffraient à 52 milliards de dinars.
Cette croissance formidable des investissements va poser le problème de leur prise en charge.
 Est-ce que le pays avait les capacités de gérer de manière rationnelle cet énorme volume d’investissement ?
 Est-ce que le pays avait les capacités de réguler ces flux d’investissements ?
Le problème, c’est qu’il ne suffit pas d’opter pour telle ou telle politique économique et puis de laisser faire le deus ex-machina mais de réaliser ce qui a été prévu, à tout le moins de réaliser une part assez conséquente de ce qui a été planifié.
Or, si nous nous référons aux bilans relatifs aux différents plans, nous remarquerons certaines anomalies dont nous citerons quelques unes :
- Existence d’un écart assez important entre les prévisions et les réalisations comme nous le montre le tableau n°02.
Tab. N°02 : Prévisions et réalisations des investissements en %
pour la période 1967-1977*
Période
Libellé 1967-1969 1970-1973 1974-1977
Prév. Réal. Prév. Réal. Prév. Réal.
Hydrocarbures 41,9 50,9 36,9 47,1 40,6 48,6
Biens intermédiaires et équipements 47 40,6 48,9 46,2 47,6 44,5
Biens de consommation 11,1 8,5 14,2 6,7 11,8 6,9
Total Industrie 48,7 55,3 44,7 57 43,6 62
Agriculture 16,9 16,4 14,9 13 13,2 4,7
Infrastructure et autres 34,4 28,3 40,4 30 43,2 33,3
TOTAL 100 100 100 100 100 100
*Source : MPAT tiré de A.Benachenhou, Planification et développement en Algérie (1962-1980)

En effet, si on se réfère aux données relatives aux rapports entre les prévisions et les réalisations, nous constaterons :
 La part des investissements relatifs aux hydrocarbures est toujours importante, même si le deuxième plan quadriennal (1974-1977) prévoyait une baisse relative de leur montant dans l’investissement global.
 La réalisation en biens d’équipements ne suit pas les prévisions et ceci est encore plus valable pour les biens de consommation.
 Quant à la part réservée à l’Agriculture, la Santé, la Formation et l’Infrastructure, la différence entre le prévu et le réalisé est encore plus notable, particulièrement pour le secteur agricole. Dans ce secteur le reste à réaliser va du simple au triple, c’est à dire que là où on avait prévu d’investir trois dinars, par exemple, on en a investi qu’un seul dinar.
A travers ces premières constatations, nous enregistrons donc, une contradiction avec les textes doctrinaires qui parlaient d’une industrie au service de l’agriculture ou pour être bref une inadéquation (voulue ?) entre les objectifs et les moyens.
- Les réalisations financières n’impliquent pas forcément des réalisations physiques. En effet une partie assez importante des réalisations financières est due surtout au processus de réévaluation causé par :
 L’inflation mondiale
 La modification des projets d’investissements par:
 Le rajout, par exemple, d’autres équipements non prévus dans l’enveloppe initiale.
 La suppression, après études et dépenses y afférentes, d’un investissement initialement prévu. A titre d’exemple, nous citerons le cas de la ligne de chemin de fer qui devait relier la cimenterie de Ain El Kebira, située à environ 20 kilomètres au nord de la ville de Sétif, a une aire de stockage, située à Mezloug soit à environ 10 kilomètres au sud de la ville de Sétif. Les études technico-économiques ont été faites mais, au jour d’aujourd’hui, la ligne d’environ 30 kilomètres n’a toujours pas vu le jour.
Bien évidemment, ces rajouts de dernière minute ou ces suppressions venues d’ailleurs ont un coût, et bien-sûr ce renchérissement ne peut avoir que des effets négatifs sur les programmes de développement dont l’une des caractéristiques essentielles aura été la place de plus en plus importante des « Reste A Réaliser (R.A.R)».
A titre indicatif, « à la fin de l’année 1978, les R.A.R étaient de l’ordre de 210 milliards de dinars soit l’équivalent de quatre années de planification au rythme de 1978 ».
Autre exemple, encore plus édifiant, pour la seule année de 1978, et pour les programmes inscrits en 1978, la réévaluation a été de l’ordre de 53.8%.
De ces quelques anomalies, citées à titre indicatif, il en est résulté certains dysfonctionnements tels :
- Tension sur le marché des ressources humaines et matérielles d’où la difficulté de s’approvisionner en temps voulu ; ce qui, de facto, entraîne un retard dans l’exécution des programmes d’investissements lesquelles vont se traduire par un allongement de la durée de réalisation et une « sur-commande », de matériaux de construction par exemple, pour éviter les retards de réalisation et/ou les risques de pénuries.
Ceci entraînant cela, un marché spéculatif, dû à une rigidité de l’offre des facteurs de production par rapport à une demande en augmentation continue, va voir le jour puisque « quand l’accès aux facteurs de production est strictement réglementé, alors toute production parallèle est impossible et la correction du déséquilibre offre-demande se fait du coté de la demande. Faute de pouvoir produire, les individus deviennent demandeurs non pour satisfaire un besoin mais pour saisir l’occasion d’accès à un produit qu’ils vont revendre sur un deuxième marché » où les prix sont nettement plus importants que ceux fixés administrativement (1er marché) et pousser à la « formation de revenus qui échappent à l’imposition et aux lois qui réglementent l’économie… à modifier la répartition des revenus telle qu’elle est réglementée par les pouvoirs publics » et pousser à la reaffectation –appropriation de la rente minière à des fins spéculatives.
- Nous assistons également à un recours, de plus en plus important, aux contrats « clés en mains » ou « produits en mains » qui ne cadrent forcément pas avec la logique de développement initialement choisie.
En effet, ces formes de contrat, si elles ont le mérite de proposer une usine comme on propose un quelconque produit, ne peuvent être nullement profitables au développement et ce pour au moins trois raisons :
 La première est due au manque d’expérience du cadre algérien en charge du projet. Face aux représentants de la multinationale, le cadre algérien n’a généralement pas la qualification nécessaire qui permet d’éviter la pratique de prix discriminatoires par le vendeur.
 La deuxième raison est que le recours à ce type de contrats ne peut qu’engendrer une dépendance encore plus importante vis-à-vis de l’extérieur car ils ne permettent pas (les types de contrats) :
 La formation du travailleur autochtone et ce quelque soit son niveau .
 La non-apparition de petites et moyennes entreprises « réelles » de sous-traitance capables d’absorber la main d’œuvre locale peu ou pas qualifiée.
 La troisième raison, et non des moindres, c’est l’apparition de déséquilibres monétaire et financier aussi bien sur le plan interne qu’externe.
Au plan interne, nous assistons à un écart de plus en plus important, et qui avec le temps devient impossible à contrôler, entre la dynamique de distribution des revenus, du niveau des prix et du niveau (rigide) de l’offre des biens et services.
En effet, la dette des entreprises publiques, tout secteur confondu, est très importante mais son remboursement est insignifiant du fait :
 Des découverts bancaires permanents,
 Du gaspillage des biens de la collectivité associée à la notion du Beylik,
 De la primauté exagérée du « social » sur le « financier »,
 Du non remboursement de créances détenues par une entreprise publique sur une autre, sur l’administration, etc … ,
 Des surcoûts relatifs à des projets achevés une dizaine d’années plus tard avec leurs lots de mal-façons, d’obsolescences de matériel, de faiblesse de l’offre etc … .
Tous ces surcoûts, pendant la périodes de 1967 à 1978 « sont des sommes détournées au détriment de la collectivité » et représentent selon A.Brahimi quelque chose comme 72.6 milliards de dinars soit l’équivalent de 18 milliards de dollars U.S.
Au plan externe, l’endettement va profiter en premier lieu aux pays développés (généralement prêteurs) lesquels, par le jeu des manipulations monétaires, vont pousser les pays emprunteurs à rembourser plus du triple de la dette initiale (l’Algérie ayant remboursé jusqu’à présent environ 60 milliards de dollars).
Par ailleurs l’endettement démesuré est le signe avant-coureur de l’importance grandissante de l’économie spéculative puisque l’impossibilité de l’offre officielle à répondre à une demande de plus en plus croissante va avoir comme conséquence l’apparition et la généralisation du trabendo, du détournement de ligne de crédit et le développement de rentes spéculatives ou de l’apparition de ce que certains ont dénommé l’import-import.








 


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قديم 2013-06-17, 12:34   رقم المشاركة : 2
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un très très bon sujet
merci










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قديم 2013-12-24, 21:38   رقم المشاركة : 3
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merccccccccccccccccccccciiiiiiiiiiiiiiii










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قديم 2014-12-27, 15:36   رقم المشاركة : 4
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