Lettre ouverte à M. le Ministre de l'Education nationale
A propos de la fonction d’intendant
L'affligeante cécité de certains décideurs du ministère conjuguée à l'embargo décrété sur la réouverture et le traitement du dossier "Intendance" interpelle votre conscience de premier responsable de ce département ministériel. Car, le doute qui envahit la corporation, le désarroi dans lequel la plongent les tergiversations, te crise "identitaire" induite par d'inéluctables questionnements exigent une thérapie frappée du sceau de la rationalité et l'équité sous peine d'exacerber un mé*******ement difficile à contenir.
Monsieur le ministre
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Tous les textes régissant la profession, depuis 1962 et jusqu'au simulacre de statut concocté à la hussarde en 1990 par d'inamovibles dinosaures, portent la même empreinte d'obsolescence et confirment si besoin est la vacuité de certains de leurs promoteurs.
En effet, subterfuges et duplicité caractérisent l'œuvre du législateur, soucieux d'asseoir une dévalorisation de fait de certains corps de métier par le recours, dans le libellé des tâches incohérentes à l'intendant à :
- un flou rédactionnel à l'évidence entretenu sciemment pour annihiler toute velléité de revendication.
- une volonté de perpétuer la lancinante dualité éducateur/comptable mais à chaque loi expurgée de son incidence financière.
En témoigne l'article 95 du décret 90/49
Les intendants sont chargés de la gestion financière et matérielle des établissements. Ils sont agents comptables ils participent à l'éducation et à la formation des élèves. On notera au passage l’amalgame tendancieux entre les deux fonctions suggérées (éducateur comptable), occultant le caractère antagonique (en, fait cette antinomie a de tout temps été instrumentalisée par la tutelle pour évacuer toute revendication salariale et indemnitaire et légitimer par contrecoup la sous-cotassions nos postes de travail).
Les zones d'ombre de cette définition exhaustive mais ambiguë des taches dévolues à l'intendant se dissiperont à l'avènement de la loi 90/21 portant comptabilité publique et les décrets 91/311 (article 6) et 91/312 (articles 15,1²6.17) qui font obligation aux trésoriers de prononcer l'agrément en qualité de comptables publics des intendants exerçant au sein des structures éducatives.
Ces textes consacrent définitivement l'intendant comptable public es-qualité, sonnent le glas des sempiternels atermoiements rédactionnels et laissent augurer des lendemains meilleurs.
Hélas, il fallut encore déchanter car, flairant le danger pouvant résulter d'une telle démarche (procédure d'agrément et les incalculables conséquences pouvant en découler par nos arrêts de travail et au terme d'intenses négociations avec le SNAPIE, admit le principe dé l'élargissement à notre corporation de l'indemnité de sujétion spéciale mais en prenant préalablement soin de préciser dans le corps du décret l’instituant qu’elle « est exclusive de toute autre indemnité »
En clair, cela signifie qu’il faudra mettre une croix sur la prime de caisse instituée en faveur des comptables et toute autre indemnité à naître ultérieurement.
Convenons toutefois, que cet ukase n’a pu être enfanté qu’a la faveur des maladresses de négociateurs subjugués et désarmés devant l’effarante capacité de nuisance de l’autre partie et son irrépressible volonté d’en découdre avec le personnel de l’intendance.
Bref en dépit des réticences, les agréments sont notifiés aux intéressés, générant une kyrielle de questions, entre autres celle consistant à s'interroger sur le pourquoi d'âne telle procédure, son bien fondé, quand on sait que son impact et son effet sur la situation matérielle de l'intendant sont comparables à ceux d’un cautère sur une jambe de bois.
Je vous ferai grâce, Monsieur le ministre. Du désappointement, de la désillusion et du désespoir de la profession et de la nette impression d'avoir une fois de plus été l'éternel dindon de la sinistre farce et vous me permettrez de rechigner quand, en prime, je reçois l’injonction de souscrire» à titre individuel, une assurance garantissant les risques inhérents à ma responsabilité et liés aux fonctions de comptable
En somme, et si j'ai bien compris, à partir de mes fonds propres, contracter une assurance couvrant les deniers public, sachant pertinemment vous et moi, Monsieur le ministre, que l’Etat ne verse pas un traître centime à titre de compensation, pas plus qu’il n’envisage de répercuter sur mon salaire le montant de la police.
Alors si vous persistez à considérer le label d’éducateur pédagogique comme le privilège des blanchisseurs de tableau pour me déchoir de l’indemnité d’expérience pédagogique et me contester le qualificatif de comptable au prétexte de son incompatibilité avec le grade d’intendant, vous conviendrez que je suis acculé dans mes derniers retranchements, parce que contraint d'imprimer du coup une réalité incontournable à l'aphorisme selon lequel je ne suis plus qu'un couteau sans lame auquel on a retiré le manche.
Alors, en attendant qu'une hypothétique volonté de la puissance publique mette fin a ces dénis de droit, il me restera toujours à savourer l'ultime satisfaction ô –combien immatérielle, d'être probablement le seul fonctionnaire d'Algérie à me prévaloir du double privilège de la procédure d’agrément et d'assermentation.