1. INTRODUCTION
L'Algérie couvre une superficie de 2.381.741 km² et est le deuxième plus grand pays d´Afrique aprés le Soudan. La capitale est Alger. L´Algérie est limitée au Nord par la Mer Méditerranée, au Sud par le Mali et le Niger, à l'Ouest par le Maroc, le Sahara Occidental et la Mauritanie et à l'Est par la Tunisie et la Libye. L’Algérie est subdivisée en 48 Wilayas (départements).
Deux chaînes montagneuses importantes, l'Atlas Tellien au Nord et l'Atlas Saharien au Sud, séparent le pays en trois types de milieux qui se distinguent par leur relief et leur morphologie, donnant lieu à une importante diversité biologique. On distingue du Nord au Sud, le Système Tellien, les Hautes Plaines steppiques et le Sahara.
La population se compose en majorité d´Arabes (80% de la population) mais elle compte également une importante minorité de Berbères. L´arabe est la langue officielle et la très grande majorité des Algériens sont musulmans.
L´Algérie fut une province de l´Empire romain puis fut envahie par les Vandales et les Byzantins. La conquête islamique eut lieu au VII e siècle. L´Algérie devint une dépendance de l´Empire ottoman au XVI e siècle jusqu´en 1830 date de sa conquête par la France. L´Algérie est indépendante depuis 1962.
La population recensée en 1998 est de 29,27 millions d'habitants. Le dernier recensement de 2008 fait état de 34, 4 millions d'habitants, ce qui donne un taux moyen de croissance annuelle de 1,72 pourcent durant cette dernière décennie (Tab.1). Au 1er janvier 2012 la population est de 37,1 millions d'habitants dont 38% sont d'origine rurale. (Office National des Statistiques, ONS, 2012).
Tableau 1. Evolution des Indicateurs démographiques
INDICATIONS
1969
1977
1987
1998
2008
Population en million
13,7
16,9
23,0
29,1
34,4
Taux de croissance moyen annuel
3,21 %
3,06 %
2,17 %
1,72 %
(Source : recensement ONS 2008)
Les zones urbaines et périurbaines telliennes qui n'occupent que 4 pourcent du territoire national sont les plus peuplées (80 pourcent de la population totale).
Les régions steppiques (9 pourcent du territoire ), localisées au-delà de l'Atlas Tellien, constituent les vraies zones de parcours et la population, composée essentiellement d'agropasteurs, représente environ 12 pourcent de la population totale.
Le reste de la population (8 pourcent) se disperse dans les régions sahariennes qui s'étalent sur 87 pourcent du territoire
Figure 1. Carte de l´Algérie
La population active agricole représente 25 pourcent de la population active totale du pays soit 1 million de personnes dont 125 000 éleveurs.
La répartition des terres.
Selon les dernières données du Ministère de l'Agriculture (1992, 1997 et 2000), les 238 millions d'hectares du territoire algérien sont répartis comme indiqué dans le Tableau 1.
Les terres utilisées par le secteur agricole occupaient 40 millions d'hectares en 2000 et plus de 42 000 ha en 2011 soit 17,8 pourcent de l'ensemble du territoire, depuis l’indépendance du pays, ces terres n’ont cessé de décroître jusqu’à la dernière décennie où, grâce aux différents programmes du Ministère de l’Agriculture (PNDRA, PPDRI..), les terres agricoles commencent à croître (fig2).
Elles se subdivisent comme suit :
Près de 33 millions d'hectares sont utilisés comme pacages et parcours et constituent le domaine essentiel du pastoralisme en Algérie.
Tableau 2. Répartition des terres (MADR 2011)
Spéculations
Superficie
(ha)
% (1)
% (2)
Superficie Agricole Totale
Superficie Agricole Utile
TERRES
LABOURABLES
Cultures herbacées
4 254 887
10,0
Terres au repos
3 246 508
7,6
CULTURES
PERMANENTES
Plantations fruitières
841 545
2,0
Vignobles
77 730
0,2
Prairies naturelles
24 820
0,1
Total Superficie Agricole Utile
8 445 490
19,9
Pacages et parcours
32 942 086
77,6
Terres improductives des exploitations agricoles
1 056 284
2,5
Total des terres utilisées
par l'agriculture (S.A.T)
42 443 860
100,0
17,8
AUTRES TERRES
Terres alfatières
2 504 990
1,1
Terres forestières (bois, forêts, maquis...)
4 255 840
1,8
Terres improductives non affectées à l'agriculture
188 969 410
79,3
Total Superficie Territoriale
238 174 100
100,0
Huit millions d'hectares représentent la surface agricole utile (SAU) qui se répartissent en terres labourables (93 pourcent de la SAU) et en cultures pérennes (7 pourcent de la SAU). Sur plus de 75 pourcent de la SAU, la pluviométrie reste une contrainte importante pour le développement des cultures. Le ratio SAU a évolué comme suit:
1901 : 1,1 ha/habitant ;
1955 : 0,6 ha/hab. ;
1995 : 0,32 ha/hab.;
2000 : 0,28 ha /hab.
2008 : 0, 24 ha/hab
Figure 2. Evolution des terres agricoles en Algérie (Source : université de Sherbrooke)
Figure 2 Evolution des terres agricoles en Algérie (Source : université de Sherbrooke)
Les formations forestières couvrent 4 752 743 ha millions d’hectares (DGF, 2011). Elles sont représentées par :
Les forêts naturelles, 1 329 000 ha (28 pourcent)
Les maquis et les broussailles, 1 844 400 ha (39 pourcent)
Les pelouses, 2 800 ha (0,05 pourcent)
Les reboisements 1.344.273 ha (28,2 pourcent)
Les principales essences forestières sont :
Le pin d’Alep (Pinus halepensis) 800 000 ha (35,4 pourcent)
Le chêne liège (Quercus suber) 463 000 ha (20,5 pourcent)
Le chêne vert (Quercus rotundifolia) 354 000 ha (15,7 pourcent)
Les genévriers (Juniperus) 217 000 ha (9 pourcent)
Les steppes à alfa assurent la transition entre les groupements forestiers et les groupements steppiques . Les surfaces occupées par l’alfa étaient de 5 millions d’hectares au début du siècle, elles sont réduites à moins de 2 millions d’hectares à ce jour. L’importante dégradation des nappes alfatières est due à leur exploitation intensive car l’alfa constitue la matière première de la pâte à papier et est utilisé par le secteur artisanal traditionnel pour la vannerie (NEDJRAOUI, 1990 ; KADI-HANIFI, 1998).
Les terres improductives qui représentent 80 pourcent du territoire algérien sont localisées essentiellement dans les régions sahariennes où dominent ergs, regs et hamadas
Le secteur de l’élevage.
L’élevage, en Algérie, concerne principalement les ovins, les caprins, les bovins et les camelins. Les effectifs recensés durant les vingt dernières années sont représentés dans le tableau 3.
Tableau 3. Evolution du cheptel (milliers de têtes)
Années
1990
1995
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2010
Bovins
Ovins
Caprins
Camelins
1 393
17 697
2 472
123
1 267
17 302
2 780
126
1 580
17 989
3 062
220
1 595
17 616
3 027
235
1 613
17 299
3 129
246
1 572
17 588
3 281
245
1 561
17 503
3 325
250
1 614
18 293
3 451
273
1 586
18 909
3 590
269
1 650
20 000
3 800
290
Total
21 685
21 475
22 851
22 473
22 287
22 686
22 639
23 631
24 354
25 740
Source: FAO database February 2012 Sources statistiques agricoles
Les ovins prédominent et représentent 78 pourcent de l’effectif global avec plus de 10 millions de brebis. L’élevage caprin vient en seconde position (15 pourcent) comprenant 58 pourcent de chèvres. L’effectif des bovins reste faible avec 1.6 - 1.7 millions de têtes (6 pourcent de l’effectif global) dont 58 pourcent sont des vaches laitières. En Algérie il y a une spécialisation des zones agroécologiques en matière d’élevage. L’élevage bovin reste cantonné dans le Nord du pays avec quelques incursions dans les autres régions. Les parcours steppiques sont le domaine de prédilection de l’élevage ovin et caprin avec plus de 90 pourcent des effectifs qui y vivent entraînant une surexploitation de ces pâturages.
2. LA TOPOGRAPHIE ET LE SOL
Le cadre topographique. L’Algérie, en fonction de la géologie, de la lithologie et de la topographie, s’organise en trois grandes unités structurales : le Système Tellien, les Hautes Plaines steppiques et le Sahara.
Le Système Tellien. C’est un ensemble constitué par une succession de massifs montagneux, côtiers et sublitoraux, et de plaines (HADJIAT, 1997).
Le Tell Occidental est ordonné en alignements alternés de massifs, de hauteur moyenne, dominés par une dorsale calcaire du Jurassique et du Crétacé et de dépressions représentées par les basses plaines oranaises et la plaine du Bas Chélif.
Le Tell Central est constitué par une chaîne de massifs prolongeant le Tell Occidental, où l’on retrouve les monts du Zaccar, de l’Atlas Blidéen et les massifs du Djurdjura dont l’altitude culmine à 2300m. Les roches d’âge du Crétacé sont constituées de schiste, de marnes et de calcaire marneux. La bordure littorale est dominée par une grande dépression formant la riche plaine alluviale de la Mitidja.
Le Tell Oriental représente la partie la plus montagneuse de l’Algérie. Il est disposé en chaînes parallèles et on distingue, du Nord au Sud :
Les chaînes telliennes littorales, constituées de gneiss et de granite qui prolongent celles du Djurdjura. Ce sont les massifs de Collo, Skikda et de l’Edough bordant la basse plaine de Annaba et où se trouvent les deux plus grandes zones humides d’eau douce, le lac Tonga et le lac Oubeïra, inscrits comme réserve naturelle sur la liste de la Convention de Ramsar.
Les chaînes telliennes externes, constituées par les monts des Babors et les massifs de Petite Kabylie et qui reposent sur des socles du Jurassique et de l’Eocène,
Les chaînes telliennes internes dominées par les monts du Hodna, du Belezma, le massif des Aures (2328 m d’altitude) et les monts des Nemenchas. Cet ensemble appartient au domaine atlasique.
Les Hautes Plaines steppiques
Localisées entre l'Atlas Tellien au Nord et l'Atlas Saharien au Sud, à des altitudes plus ou moins importantes de 900 à 1 200 m, elles sont parsemées de dépressions salées, chotts ou sebkhas qui sont des lacs continentaux formés au Pléistocène sous l’effet des pluies torrentielles et du ruissellement important qui en découle. On distingue deux grands ensembles :
Les steppes occidentales, qui sont constituées des Hautes Plaines Sud Oranaises et Sud Algéroises, dont l'altitude décroît du Djebel Mzi à l'Ouest (1 200 m) à la dépression salée du Hodna au centre (11 000hectares) occupée par des dépôts détritiques
Les steppes orientales à l'Est du Hodna, qui sont formées par les Hautes Plaines du Sud Constantinois où domine le Crétacé de nature calcaire et dolomitique. Ces Hautes Plaines sont bordées par le Massif des Aurès et des Némemchas.
Le Sahara
Le Sahara forme une large barrière qui sépare le domaine méditerranéen au Nord du domaine tropical au Sud. Il est constitué de plateaux (hamadas et tassili) où le massif volcanique du Hoggar culmine à 3 000 m d'altitude, de plaines (regs et ergs) et de dépressions (sebkhas et gueltas).
Les hamadas et les tassilis sont d'immenses plateaux rocheux calcaires de forme tabulaire, à sols squelettiques dominant les vallées des oueds. Le Tassili des Ajjers couvre 350 000 km2
Les regs, surfaces horizontales de cailloux et de graviers de formes variées, résultent d'une importante érosion éolienne sur les horizons superficiels de sol.
Les ergs sont des dépôts sableux qui se présentent sous forme de dunes. L'Erg Occidental long de 500 km et large de 150 à 250 km couvre une superficie de 100.000 Km2 et fait partie des grands ensembles dunaires sahariens.
Les dépressions sont soit salées (chotts et sebkhas) soit peu ou pas salées où s'accumulent les eaux de ruissellement (dayas).
Les sols
On distingue plusieurs types de sols ( DJEBAILI et al, 1983 ; HALITIM, 1988 ; KADI HANIFI, 1998).
Les sols minéraux bruts ou sols très peu évolués sont localisés principalement sur les sommets des djebels et sont soumis à une érosion hydrique intense. Ces sols caractéristiques des forêts et des matorrals, comportent :
- les lithosols sur les roches dures (grès ou calcaires),
- les régosols sur les roches tendres (marnes et calcaires marneux),
- les sols minéraux bruts d'apport alluvial dans les lits des oueds caillouteux.
Les sols peu évolués regroupent :
- les sols d'origine colluviale sur les piedmonts des djebels et les glacis,
- les sols d'origine alluviale dans les lits d'oued, les zones d'épandage et les dayas,
- les sols d'origine éolienne avec des formations sableuses fixées.
Les sols calcimagnésiques regroupent les sols carbonatés parmi lesquels on retrouve :
- les rendzines humifères sur les versants des djebels,
- les sols bruns calcaires à accumulation calcaire xérifiée qui sont très répandus sur les glacis polygéniques du Quaternaire ancien et moyen
- les sols à encroûtement gypseux qui sont plus rares, représentés par des petites plages dans les zones de grès alternant avec les marnes et argiles versicolores.
Les sols carbonatés sont les plus répandus en Algérie, notamment dans les écosystèmes steppiques et présahariens où ils représentent de vastes étendues encroûtées (HALITIM, 1988).
Les sols isohumiques sont représentés dans les glacis d'érosion polygéniques du Quaternaire récent. Ils regroupent les sols à encroûtement calcaire ou gypseux. On les retrouve dans les régions arides lorsque les précipitations sont inférieures à 200mm/an.
Les sols halomorphes regroupent les sols salins (solontchak) profils AC et les sols salins à alcalis (solontchak-solonetz) profil A (B) C. Ces sols sont généralement profonds et localisés dans les chotts et les sebkhas. Ils sont pauvres en matière organique. Leur salinité est chlorurée, sulfatée sodique et magnésienne.
Les sols sont soumis à une forte érosion hydrique et éolienne due aux conditions climatiques et à la forte action anthropique qui diminue le couvert végétal. L'érosion éolienne affecte principalement les régions arides et semi-arides. L'action du vent emporte les fines particules telles que les sables et les argiles et laisse sur place un sol caillouteux qui devient improductif. Près de 600 000 ha de terres en zone steppique sont totalement désertifiées sans possibilité de remontée biologique. L'érosion hydrique affecte 28 pourcent des terres de l'Algérie du Nord. Ce sont les terres à fortes pentes des massifs telliens qui sont les plus touchées. L'érosion se manifeste par la formation de rigoles et de ravines sur tout le versant avec affleurement de la roche-mère et une évolution en bad-lands (HADJIAT, 1997)
3. LE CLIMAT ET LES ZONES AGRO-ECOLOGIQUES
Le climat
Différentes sources de données permettent de caractériser le climat en Algérie :
Les données de 1913 - 1938 publiées dans "Le climat de l'Algérie" par SELTZER (1946).
Les données de 1926 - 1950 des stations sahariennes publiées dans "Le climat du Sahara" par DUBIEF (1950 - 1963).
Les données de 1913 - 1961 publiées dans la notice de la carte pluviométrique de l'Algérie septentrionale, établie par CHAUMONT et PAQUIN (1971).
La carte pluviométrique publiée (1993) par l'Agence Nationale des Ressources Hydriques. Les données actuelles publiées par l’Office National de la Météorologie.
L’Algérie, qui est un pays soumis à l'influence conjuguée de la mer, du relief et de l'altitude, présente un climat de type méditerranéen extra tropical tempéré. Il est caractérisé par une longue période de sécheresse estivale variant de 3 à 4 mois sur le littoral, de 5 à 6 mois au niveau des Hautes Plaines et supérieure à 6 mois au niveau de l'Atlas Saharien.
La pluviosité. Les précipitations accusent une grande variabilité mensuelle et surtout annuelle. Cette variabilité est due à l'existence de gradients (DJELLOULI, 1990) :
Un gradient longitudinal : la pluviosité augmente d'Ouest en Est (450 mm/an à Oran plus de 1000 mm/an à Annaba). Ce gradient est dû à deux phénomènes : à l'Ouest, la Sierra Nevada espagnole et l'Atlas marocain agissent comme écran et éliminent ainsi l'influence atlantique, à l'Est, les fortes précipitations sont attribuées aux perturbations pluvieuses du Nord de la Tunisie.
Un gradient latitudinal : les précipitations moyennes annuelles varient de 50mm dans la région du M'Zab à 1 500mm à Jijel. Cette diminution du littoral vers les régions sahariennes est due à la grande distance traversée par les dépressions qui doivent affronter sur leur parcours les deux chaînes atlassiques.
Un gradient altitudinal universel qui varie en fonction de l'éloignement de la mer.
Les températures.
La moyenne des températures minimales du mois le plus froid "m" est comprise entre 0 et 9°C dans les régions littorales et entre – 2 et + 4°C dans les régions semi-arides et arides.
La moyenne des températures maximales du mois le plus chaud "M" varie avec la continentalité, de 28°C à 31°C sur le littoral, de 33°C à 38°C dans les Hautes Plaines steppiques et supérieure à 40°C dans les régions sahariennes.
Le bioclimat
En Algérie sont représentés tous les bioclimats méditerranéens depuis le per humide au Nord jusqu'au per aride au Sud pour les étages bioclimatiques, et depuis le froid jusqu'au chaud pour les variantes thermiques.
Tableau 4. Les étages bioclimatiques en Algérie
Etages bioclimatiques
Pluviosité annuelle mm
Superficie en ha
Pourcentage de la superficie totale
Per humide
1 200 – 1 800
185,275
0.08
Humide
900 - 1 200
773,433
0.32
Sub humide
800 – 900
3,401,128
1.42
Semi-aride
600 – 300
9,814,985
4.12
Aride
300 – 100
11,232,270
4.78
Saharien
< 100
212,766,944
89.5
Les zones agroécologiques
En fonction des facteurs climatiques (classification agroclimatique des pays de la Ligue Arabe de Louay, 1978) et des facteurs édaphiques, on peut définir les zones agroécologiques de l'Algérie ( DJELLOULI, 1990; CADI et al, 2001 et SMADHI, 2001). Les caractères édaphiques et climatiques déterminent la répartition de la végétation naturelle et les potentialités agricoles des différentes zones Fig. 3).
Figure 3. Zonage écologique de l´Algérie du Nord (BNEDER, 2009)
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