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Aspects militaires de l’iconographie monétaire numide

Jacques Alexandropoulos

1Dans sa monographie sur Massinissa, qui date maintenant d’un demi-siècle, Gabriel Camps s’attachait à distinguer, pour le rôle historique de ce roi, ce qui relevait d’une reconstruction légendaire, de ce que nous pouvons en connaître au terme d’une critique soigneuse des sources1. Il serait intéressant d’élargir la démarche aux autres rois numides comme Syphax, Micipsa, Jugurtha ou Juba Ier, pour ne citer que les plus célèbres, tout en réduisant la question à son angle institutionnel : qu’est-ce, au bout du compte, qu’un roi numide ? Les éléments de réponse se trouvent au croisement de trois approches. Il y a d’abord celle de la tradition berbère, l’identité institutionnelle de départ. Les données sont malheureusement très ténues sur ce point puisque les sources internes se limitent à quelques inscriptions bilingues libyco-puniques, aux monnaies, et aux mausolées ou trophées dont l’interprétation reste disputée. Il y a ensuite ce que ces rois ont voulu faire de leur pouvoir en écho au modèle de royauté hellénistique. Sur ce point, les sources sont les mêmes que précédemment avec, on l’a dit, des divergences d’interprétation fermement défendues : primauté d’une tradition berbère superficiellement teintée d’emprunts formels aux monarchies hellénistiques ? Ou véritable intégration aux courants culturels méditerranéens dominants repensés, réinventés en fonction des cultures locales2 ? Mais l’essentiel de nos connaissances, ou du moins ce qui domine le paysage, ce sont évidemment les données qui proviennent des textes grecs et latins : Polybe, César, Salluste, Tite-Live et Appien pour ne citer que les principaux. On a bien en tête les fameux portraits monétaires dits de Massinissa, si caractéristiques, mais on les superpose aussitôt avec le récit des auteurs en question dont ils ne deviennent qu’une simple illustration pittoresque. Et au bout du compte, c’est le regard de la diplomatie puis, après la conquête, de la reconstruction historique romaine que nous adoptons sur ces rois, faute de mieux. Ils sont dès lors définis en fonction de leur place événementielle et idéologique dans le jeu de la conquête romaine, au prisme du droit international vu par le Sénat, et des liens de clientèle tissés entre l’aristocratie romaine et ces souverains3.

2On abordera ici cette question de la royauté numide sous le seul angle de l’image militaire du souverain sur les monnayages. On y remarque à première vue une certaine sobriété des aspects militaires qui contraste avec l’image, donnée par les sources littéraires, d’une région marquée par les guerres, en particulier de succession.

3La deuxième guerre punique voit en effet l’affrontement bien connu du Masaesyle Syphax et du Massyle Massinissa avec l’élimination du premier. Mais chez les Massyles mêmes, l’avènement de Massinissa est le résultat de l’éviction manu militari de certains de ses rivaux4. Plusieurs princes numides participent ensuite aux combats de Rome, en Afrique comme ailleurs. Plus tard, on retrouve la fameuse guerre de Jugurtha dont on s’étonne qu’elle n’ait laissé a priori aucune trace monétaire. La situation change avec l’avènement de Juba II, roi numide de Maurétanie, pour qui, paradoxalement, on trouve plusieurs thèmes guerriers, même s’ils ne sont pas dominants, dans le monnayage d’un souverain qui paraît avoir été bien plus un intellectuel qu’un militaire, au point d’être incapable de venir à bout d’un soulèvement gétule et contraint de faire appel à l’aide de l’armée romaine pour le mater5.

4Quel est le lien entre l’image monétaire du pouvoir royal numide et les fonctions militaires réelles du souverain ? Comment se traduisent les périodes de crise sur les émissions monétaires ? On tentera de mettre en évidence certains éléments significatifs, tout en essayant de retrouver sur le monnayage la part de la tradition numide, celle des apports hellénistiques et l’empreinte éventuelle des rapports avec Rome.

5Quels sont donc, pour le numismate, les pouvoirs institutionnels du roi numide et quelle part y prend la fonction militaire ? Si on aborde la question sous l’angle du vocabulaire, celui qui apparaît sur les monnaies est encore plus pauvre que celui que nous donnent les rares inscriptions libyco-puniques. Sur les monnaies, nous ne trouvons que le terme punique hmmlkt, quelquefois abrégé en ht, suivant le nom du roi. Si l’on en croit les monnaies bilingues de Juba Ier, le terme latin équivalent à ce titre punique serait rex6. Un parallèle à manier avec prudence, car il est vraisemblable que le terme rex a été pris dans le répertoire institutionnel habituel de la diplomatie romaine indépendamment des réalités locales. Son analyse ne nous renseignerait donc pas précisément sur la tradition militaire royale de Numidie. Le terme punique hmmlkt qui apparaît seul, sans équivalent latin, sur les monnaies numides avant Juba Ier est à replacer, lui, au sein d’une nomenclature royale que certaines inscriptions développent davantage. En effet, si, sur les stèles du sanctuaire d’El Hofra rédigées uniquement en punique il apparaît encore comme seul élément de titulature royale7, on le trouve en revanche accompagné d’autres titres royaux et avec de surcroît une traduction en libyque dans des inscriptions de Dougga et de Cherchell8.

6Dans ces dernières inscriptions en effet, on lit en outre le substantif punique mlk pour désigner Micipsa. Et on remarque que sur une même inscription, Massinissa ne reçoit que le titre hmmlkt, celui qui apparaît sur les monnaies, alors que son fils Micipsa prend celui de mlk, absent des légendes monétaires. Il y aurait donc une distinction à faire entre les deux titres. On verra plus loin laquelle. En tous cas les deux termes viennent d’une même racine mlk signifiant « régner », hmmlkt se présentant sous la forme d’un substantif précédé de l’article h. On traduit littéralement ce mot par « royauté » et on le rend généralement, dans le contexte, par « prince », avec toutes les ambiguïtés du terme français9. On retiendra en tous cas que ce terme hmmlkt utilisé sur les inscriptions et les monnaies ne nous renseigne absolument pas sur la nature militaire des fonctions royales effectivement exercées, puisqu’il est porté conjointement par les trois fils et successeurs de Massinissa : Micipsa, Mastanabal et Gulussa, dont Appien nous dit expressément (CVI, 502) qu’ils se sont réparti des fonctions royales différentes, Micipsa ayant la capitale et le palais, Gulussa la guerre, justement, et Mastanabal la justice10. Le seul titre royal utilisé sur les monnaies, hmmlkt, ne renvoie donc pas précisément à une fonction militaire du souverain numide. D’autres titres royaux puniques apparaissent sur l’inscription de Cherchell. Micipsa y est nommé rbt hmmlk>t, soit chef de l’ensemble de cette catégorie des « princes » auxquels il appartient lui-même selon les monnaies. Il y est aussi appelé mlk mšlyym, soit « roi des Massyles », un titre général que l’on aurait attendu sur les monnaies et dont il est curieusement absent. Celui de « régent de la patrie », myšr>rṢt, reste conjectural, et de toutes façons absent lui-aussi des monnaies11. Pour revenir à notre propos, parmi tous ces termes puniques, pourrait-on retrouver celui qui désigne une fonction militaire du roi ? Et en particulier, la version libyque des inscriptions pourrait-elle y aider ? Sur les bilingues libyco-puniques évoquées jusqu’ici, le terme hmmlkt est rendu par le libyque gld. Or ce terme gld ne serait pas celui qui correspondrait au rôle militaire du roi. Car en fait, il y aurait bien un autre titre libyque lié, lui, à cette fonction, comme l’avait indiqué Gabriel Camps à partir d’une bilingue libyco-latine de Leptis Magna. On y trouve dans la titulature d’Auguste, le titre d’imperator rendu par mnkd, un mot libyque qui aurait survécu jusqu’à nos jours dans le titre d’Amenokal porté par les chefs touaregs. Pour Gabriel Camps, mnkd désignerait la royauté dans ses aspects militaires et l’équivalent punique en serait mlk12. Sur les monnaies, avec le punique hmmlkt, qui correspond au libyque gld, c’est donc un titre plus sobre qui figure, et qui ne paraît pas être l’apanage du roi. Un titre, en tous cas, qui ne serait pas spécifiquement militaire et ne renverrait peut-être même pas à une royauté suzeraine13.

7Quelle place prend ce titre dans l’économie générale de l’image royale sur les monnaies numides ? Il n’apparaît de manière systématique que sur les premiers monnayages, ceux de Syphax, et les derniers, ceux de Juba Ier14. Dans les deux cas, il s’agit de souverains dont le pouvoir pouvait être mis en question. Et tous les deux d’ailleurs ont vu leur royaume finalement annexé par un vainqueur : la Masaesylie de Syphax est annexée par le Massyle Massinissa, et la Numidie de Juba Ier par César. Il sert donc, paradoxalement vu ses limites sémantiques (car il n’est pas le titre royal suprême), à l’affirmation d’une souveraineté en période de crise ou d’incertitude. Il n’est donc pas étonnant que Massinissa le reprenne brièvement sur des émissions de prestige correspondant sans doute à l’établissement de son pouvoir sur l’ensemble de la Numidie après l’annexion du royaume de Syphax (figures 4 et 5)15. Très rapidement par la suite le titre se réduit sur les monnaies à une abréviation de deux lettres, HT, correspondant à l’initiale et à la finale du mot, pour ensuite disparaître totalement. Et de fait, les émissions numides de loin les plus abondantes deviennent anépigraphes. De manière significative, on voit très brièvement réapparaître cette légende abrégée sur des monnaies frappées par Adherbal dont la royauté est menacée et rapidement éliminée par Jugurtha16. Elle ne reviendra, et cette fois de manière constante et développée, que sur les monnayages rénovés de Juba Ier dont le royaume vivait sous la menace perpétuelle d’une annexion souhaitée par le parti romain des populares. Tout semble donc indiquer que les rares légendes des monnaies numides se réfèrent plus à un souci de légitimité et de reconnaissance politique qu’à celui d’exalter les aspects militaires de la puissance royale.

8Qu’en est-il de l’iconographie sur ce point ? Compense-t-elle cette image plus politique que véritablement militaire des divers rois numides ? Nous verrons ici le cas des monnayages de Syphax, Verminad, Massinissa et Juba Ier.

9Les monnaies de Syphax, frappées à Siga sans doute entre 210 et 203 a. C., dans les phases critiques pour l’Afrique de la deuxième guerre punique,montrent l’effigie du roi à l’avers, et un cavalier au revers. On sait qu’il existe en fait deux séries de monnayages de Syphax, qui ont déjà posé un certain nombre de problèmes aux numismates, notamment sur leur lieu de frappe (identique ou non pour les deux séries ?) et sur leur chronologie relative, sans que l’accord soit fait17.

Figure 1: Collection W. Niggeler, I, n° 553.



10Sur la série n° 1 (cf. figure 1), le portrait du roi est nu, et au revers figure un cavalier au galop à droite, tête nue, manteau au vent, tenant un sceptre18 et une lance en arrêt19. Sous le cheval on lit l’inscription punique spq hmmlkt. Le titre en question accompagne donc une image franchement militaire du souverain qui reprend ici un modèle largement répandu. La série n° 2 (figure 2) est moins marquée, puisque l’orientation à gauche du cavalier ne permet plus de faire apparaître une lance dans la main droite, et celle-ci tient les rênes du cheval, la main gauche tenant un sceptre.









 


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قديم 2015-12-22, 18:41   رقم المشاركة : 2
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Figure 2 : CNG coins, E. Auction 57, n° 663.




11 En revanche, la tête du souverain est diadémée au droit comme au revers, insistant donc sur les insignes de la royauté. Le style du portrait de l’avers est, lui aussi, plus soigné, la barbe en pointe numide traditionnelle et le cheveu ras étant remplacés par une coiffure et une barbe aux mèches arrondies et soigneusement travaillées. À l’exergue du revers figure la même inscription, ce qui renforcerait l’idée qu’elle n’est pas directement liée au rôle militaire du roi. Au total, sur cette deuxième série, l’image est moins guerrière, et met en revanche l’accent sur les attributs de la royauté en général, tout en soignant le portrait royal en lui-même.
12 À quoi correspond cette dualité de l’image de Syphax ? Les deux séries peuvent avoir été émises soit dans deux ateliers différents, soit dans un même atelier à deux dates successives. Sans revenir ici sur cette question déjà traitée ailleurs20, on remarquera que cette dualité constitue un fait unique dans le monnayage numide, car si on retrouve plus tard le sceptre et le manteau accompagnant l’effigie royale sur les émissions de prestige de Massinissa ou celle de Juba Ier, ces attributs n’y font, comme dans la deuxième série de Syphax, qu’illustrer la mention du titre hmmlkt et ne s’accompagnent d’aucun élément strictement guerrier. L’image la plus militaire de Syphax reste donc sans postérité dans le monnayage numide.

13 Cette affirmation de la fonction militaire royale de Syphax n’est évidemment pas surprenante compte tenu du contexte de guerre, et de la double influence hispano-barcide et sicilienne qui s’est exercée sur son monnayage. En Espagne les effigies des monnayages puniques locaux sont très liées à Héraklès-Melqart par le biais de la massue, ou à des thèmes directement militaires, comme les lauriers de victoire, l’éléphant, la galère, le casque, ou l’effigie de Mars21. Pour la Sicile, le thème du cavalier chargeant, la lance en arrêt, des monnayages de Hiéron II est parfois donné comme modèle direct des émissions de Syphax22.

14 Si cette origine est vraisemblable, on en verrait un retraitement particulier chez Syphax, puisque le sceptre accompagne la lance, insistant sur la fonction politique du roi au-delà des aspects strictement militaires. Cela correspondrait à une forte exigence de reconnaissance institutionnelle interne et externe à la Numidie, vis-à-vis de Rome et de Carthage entre lesquelles Syphax cherche à conquérir un rôle d’arbitre, tout en essayant de s’imposer comme roi unique d’une Numidie unifiée.

15 Les monnaies du fils de Syphax, Verminad, peuvent poser un problème de chronologie. Ont-elles été émises du vivant de son père ou lorsqu’il lui succéda, après sa capture en 203, sur une partie désormais limitée de ses États ?

Figure 3 : CNNM, n° 14.




16 Nous avons, pour notre part, après d’autres, opté pour une succession dans le temps23, mais il se trouve que l’iconographie monétaire est justement l’un des éléments d’appréciation et rejoint le cœur de notre discussion présente. Le nom de Verminad est accompagné sur les monnaies du titre hmmlkt, dont on a vu qu’il désignait un pouvoir de type princier ou royal au sens large. L’effigie est curieusement imberbe contrairement à la tradition des représentations du souverain numide tant antérieure que postérieure. Est-ce un effet de mode, à l’image de Hiéron II, Ptolémée V ou Antiochos III, ou est-ce une marque de jeunesse impliquant que Verminad n’est encore que prétendant à la succession ? Quoi qu’il en soit, le buste diadémé de l’avers porte un manteau royal, absent des effigies de Syphax. Au revers, on retrouve le cheval au galop, mais cette fois sans le cavalier, lance en arrêt et sceptre au poing, qui le montait. Au total, on se retrouve face à une image différente du roi numide. Les aspects militaires en ont été gommés, le sceptre a disparu et il ne reste que le diadème et le manteau pour une effigie qui a perdu jusqu’au trait caractéristique de la représentation-type du Numide : la barbe. Tout cela correspondrait bien à la position politique de Verminad après 201, cherchant à obtenir son pardon de Rome pour avoir continué à soutenir Hannibal après la défaite et la capture de Syphax, obtenant difficilement du Sénat ce pardon et une reconnaissance fragile de son pouvoir réduit24.

17 Si on exclut donc — et l’accord est fait sur ce point — que les différences iconographiques entre les monnaies de Syphax et celles de Verminad soient dues à une différence de hiérarchie sur des frappes concomitantes, la disparition des aspects militaires de la royauté numide masaesyle dans l’iconographie pourrait être liée à la volonté de marquer vis-à-vis de Rome et de ses alliés, en particulier Massinissa, une forme de soumission ou en tous cas de non-belligérance.

18 Après la capture de Syphax en 203, Massinissa se retrouve maître de la quasi-totalité de la Numidie. Cette capture est un haut fait militaire du roi lui-même, et Scipion le loue pour cela devant le front des troupes romaines, célébrant publiquement sa uirtus. Tite-Live nous dit :

Massinissa fut le premier cité ; Scipion lui donna le titre de roi, le couvrit d’éloges exceptionnels et lui offrit une couronne et une coupe en or, une chaise curule et un bâton d’ivoire, une toge brodée et une tunique ornée de palmes. Quelques mots accompagnèrent la remise de ces distinctions : il n’y avait pas, disait Scipion, de plus belle récompense pour les Romains que le triomphe et les triomphateurs ne recevaient pas de plus belles distinctions que celle dont le peuple romain l’avait jugé digne, seul parmi les étrangers (XXX, 15, 11).
19 Le Sénat rajoutera ensuite ses propres dons : « deux manteaux de pourpre ornés chacun d’une fibule d’or, une tunique laticlave, deux chevaux ornés de phalères, deux armures de cavalier avec les cuirasses, deux tentes et le matériel de campagne ordinairement réservé aux consuls » (Tite-Live, XXX, 17, 13)25. Tout cela en approuvant Scipion d’avoir reconnu à Massinissa le titre de rex.

20 Cette reconnaissance diplomatique, ce triomphe et cette uirtus se traduisent-ils sur les émissions de Massinissa ? Comparativement à celui de Syphax, ce monnayage reste étonnamment discret. Une seule émission sur 54 ans de règne mentionne le nom complet et le titre du souverain : msnsn hmmlkt. Il s’agit d’une émission de bronze sans doute inaugurale, à deux espèces divisionnaires dont l’une, l’espèce inférieure (figure 5), ne nous est parvenue que par un seul exemplaire du musée de Constantine tandis que l’autre, l’espèce supérieure donc (figure 4), est connue à moins de dix exemplaires26.

Figure 4 : CNNM, n° 18.



Figure 5 : CNNM, n° 17.



21 Sur l’espèce supérieure on trouve à l’avers l’effigie de Massinissa lauré, avec manteau et sceptre ; au revers un cheval au pas accosté d’un sceptre. L’image, ici, montre que la période des affrontements militaires est dépassée. Le roi est coiffé des lauriers du triomphateur qui peuvent faire écho à la tunique ornée de palmes offerte par Scipion. Le cavalier au galop, parfois armé d’une lance, des monnayages de Syphax est remplacé par un cheval au pas, paradant tranquillement devant un sceptre fleuronné. Cheval et sceptre faisaient aussi partie des cadeaux offerts par Scipion et le Sénat. L’ensemble de l’imagerie fonde dès lors la double assurance sur laquelle s’établit la royauté : un triomphe désormais acquis, et la reconnaissance de Rome. On ne peut s’empêcher d’entendre aussi un autre écho : celui des monnayages de Carthage où le revers montre parfois un cheval accosté d’un palmier, d’un caducée ou d’une palmette sur une hampe27. Le sceptre remplace ici le palmier ou les autres symboles, signifiant à la fois l’influence de Carthage sur la monarchie numide (les légendes monétaires sont en punique et non en libyque) et — pourquoi pas ? — les ambitions de Massinissa à l’hégémonie sur la cité punique. On remarque, dans cette perspective, que l’autre espèce divisionnaire de cette émission montre un éléphant, au moment même où Carthage s’en voyait interdire la possession par le traité de 201 qui mettait fin à la deuxième guerre punique (Tite-Live, XXX, 37, 2-6).

22 En quoi ces émissions peuvent-elles être rapprochées des textes qui évoquent Massinissa ? Monnaies et textes, rappelons-le, sont censés donner de lui une image également favorable, puisque ces derniers ont été écrits par ses alliés romains, ou des Grecs qui leur étaient acquis. Tite-Live insiste en particulier sur la uirtus du roi28. Il s’agit là d’un topos lié de manière générale à la figure du roi numide, la seule, parmi les qualités qui caractérisent le héros romain stoïcisant, que puisse revendiquer un barbare. Car, selon les stéréotypes bien connus, manquent à tous les Numides, aux rois adversaires comme aux alliés, la ratio, la disciplina, la constantia, la dignitas, bref tout ce qui fait la figure exemplaire d’un Scipion l’Africain29. On sait que cette uirtus s’exprime par un type de combat qu’illustre la cavalerie numide et c’est sans doute en ce sens qu’il faut interpréter le cheval cabré ou bondissant des émissions numides les plus communes. On remarquera d’ailleurs au passage que cette uirtus est instrumentalisée par les Numides eux-mêmes : lorsque Micipsa veut se débarrasser de son neveu trop encombrant, Jugurtha, il l’envoie à la tête des cavaliers numides rejoindre l’armée romaine, espérant que sa temeritas, une forme de uirtus typiquement barbare puisqu’elle est gâtée par le manque de ratio, l’amènera rapidement à se faire tuer au combat (Salluste, Guerre de Jugurtha VII). Quoi qu’il en soit, si on compare du point de vue de la célébration de cette uirtus les monnayages de Syphax et de Massinissa, on y suit très bien l’évolution du contexte : chez Syphax une image du roi en plein combat, chargeant à cheval, et où les aspects directement liés à la puissance politique ne sont pas seuls présents. Avec Massinissa, la guerre terminée, le portrait du roi apparaît orné des symboles triomphaux et liés au pouvoir désormais installé : couronne de lauriers, manteau et sceptre. L’image de la cavalerie numide apparaît en quelque sorte apaisée puisque le cavalier chargeant a disparu. Il n’en reste qu’une évocation indirecte par le biais du cheval aux allures diverses suivant les émissions.










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23Nous avons noté un autre élément : le très faible volume de l’émission sans doute inaugurale de Massinissa, et la seule qui porte son nom en entier, une modestie surprenante si on la rapporte à la figure légendaire du roi, à la longévité de son règne d’un demi-siècle, à l’aspect fondateur de son pouvoir pour la puissance numide. Il s’agit, de plus, d’une émission de bronze que n’accompagne aucune frappe d’argent. Cette absence d’argent peut relever d’une pénurie de métal caractéristique de l’Afrique des années 200, mais on ne sait comment expliquer l’absence, même sur le bronze, de « propagande » royale au-delà de cette courte émission initiale, une position très en retrait de ce que l’on connaissait pour Syphax. Une situation, d’ailleurs, qui ne vaut pas que pour Massinissa. On a vu que ses successeurs jusqu’à Juba Ier se *******ent d’un type iconographique désormais immobilisé : effigie laurée du roi à l’avers et cheval au galop ou cabré au revers.

24Tout au plus y rajoutent-ils les lettres initiale et finale de leur nom, et encore, pour certains d’entre eux seulement. Si l’on rapproche cela du silence monétaire qui accompagnerait la guerre de Jugurtha, on doit bien admettre que la propagande royale ne passait pas par le canal de la monnaie. On est pourtant frappé chez les historiens romains qui nous parlent des diverses guerres de Numidie, de l’importance donnée à la fama, la réputation d’un roi, le bruit que fait une victoire ou une défaite qui peut unir ou au contraire défaire immédiatement des solidarités tribales. Il s’agit d’un univers aux frontières et aux alliances particulièrement instables. Toutes ces fluctuations, liées à l’image essentiellement mouvante à tous égards que nous donnent des Numides les historiens classiques, et qui déconcertait tant les Romains attachés à la constantia, n’apparaissent pas sur le monnayage qui reflète surtout une permanence.

Figure 6 : Collection particulière



Figure 7 : CNNM, n° 87.



25On terminera cette étude monétaire des rois numides avec Juba Ier dont le règne voit des changements importants, comme l’apparition du bimétallisme argent / bronze, ainsi que des modifications iconographiques et épigraphiques notables30. L’écriture néo-punique remplace les caractères puniques utilisés jusque là, et renoue après un siècle et demi avec une titulature complète du souverain, rex ivba en latin, et ywb<y hmmlkt en punique. Le retour de cette dernière mention, accompagnant l’effigie diadémée du roi avec sceptre et manteau, correspond vraisemblablement au souci de légitimer un souverain reconnu à regret par ses alliés pompéiens et pour qui une victoire césarienne signifiait une annexion immédiate du royaume. Cette iconographie de Juba est celle que l’on trouve sur ses deniers (figure 6) frappés sans doute au quartier général pompéien d’Utique, remplacée sur les quinaires (figure 7) par un buste de la victoire accompagné des mêmes légendes31.
26Mais il existe d’autres monnaies de Juba, en bronze et billon, et qui semblent pour cela relever d’une autre circulation monétaire32. Car si rien ne distingue métrologiquement les deniers et quinaires de leurs homologues frappés à Utique au nom de Métellus Scipion et Caton, les monnaies de bronze et de billon semblent s’accorder avec la métrologie antérieure des bronzes numides. Leurs légendes et leur iconographie sont intéressantes, car pour la première fois le nom et la titulature du roi ne sont pas liés à son portrait mais, au droit comme au revers, à des divinités (Zeus Ammon), des allégories (l’effigie de l’Afrique coiffée de la dépouille d’éléphant), ou des motifs animaliers comme le lion et l’éléphant (figures 8 et 9)33.

Figure 8 : CNNM, n° 92.



Figure 9 : CNNM, n° 93.



27C’est ici la première tentative de représentation monétaire non pas du seul souverain mais de son royaume avec ses dieux tutélaires, et en ce sens il s’agit en quelque sorte de l’invention iconographique monétaire de la Numidie par les Numides eux-mêmes. Et si le roi apparaît sous son aspect proprement politique avec diadème, sceptre et manteau sur les deniers et quinaires d’Utique, presque tout l’élément militaire est transféré sur l’image du royaume34. La dépouille d’éléphant coiffant la déesse topique a une fonction évidemment triomphale et sur de petits sesterces d’argent, le buste est même accompagné de deux javelots (cf. figure 10)35.

Figure 10 : CNNM, n° 89.



28L’éléphant au revers des bronzes / billon à l’effigie de Zeus Ammon complète cette impression d’ensemble d’un royaume sur pied de guerre. Cette image de l’Afrique accompagnée de javelots sera reprise en Maurétanie par Juba II, mais il est évidemment significatif que sur les représentations monétaires de l’Afrique gravées sous Hadrien, les javelots aient disparu, remplacés par d’inoffensifs et prometteurs épis de blé36.

29En somme, le monnayage de Juba Ier, à travers une réforme du monnayage royal numide, réaffirme l’autorité royale en période de crise, mais propose aussi la première évocation du royaume en tant que tel. Jusqu’ici les monnaies numides nous montraient la seule image du souverain. Désormais circule celle d’un roi légitime régnant sur un royaume à dominante militaire. Cette fois, cela reprend ou préfigure, selon les cas, l’image construite par Polybe, Salluste ou Tite-Live de la Numidie sauvage, pourvoyeuse de guerriers redoutables, et illustre la qualité ambiguë, mais largement reconnue au Berbère par la vision latine stoïcisante, de uirtus.

30En dehors de toutes les frappes monétaires régulières que nous venons de voir, les crises de pouvoir se traduisent-elles d’une manière ou d’une autre sur le monnayage numide ? Existe-t-il des frappes d’urgence, des surfrappes ou des contremarques à fonction politique, des évolutions métrologiques brutales significatives d’une situation d’urgence ? Comme nous l’avons dit, l’absence totale de trace monétaire explicite de l’aventure de Jugurtha reste très étonnante37. À en croire Plutarque, même si le butin effectué à l’occasion de la capture du roi numide était modeste au regard de ceux qui provenaient des victoires sur les monarques hellénistiques, il n’en contenait pas moins des métaux précieux monnayés : « Dans la procession du triomphe, on avait porté, dit-on, 3 007 livres d’or, 5 775 livres d’argent non monnayé et 87 000 drachmes en monnaie » (Marius XII, 6, trad. A.-M. Ozanam, Gallimard, 2001). C’est peu, mais il faut tenir compte du fait qu’il ne s’agissait plus là que du reste des trésors d’un monarque aux abois, ayant largement utilisé ses ressources à acheter des paix provisoires, à corrompre ses alliés de l’aristocratie romaine, et réduit à fuir sans cesse devant les troupes romaines, sans base arrière sûre.

31Les seuls éléments numismatiques à mettre en regard de cela pourraient être les monnayages numides de plomb ou de plomb recouvert d’une pellicule de cuivre, et une contremarque en forme de trophée.

Figure 11 : Philippe Saive Numismatique.



32Les monnaies de plomb (figure 11) demanderaient une large étude spécifique, et on ne peut rouvrir le dossier ici, mais ils pourraient éventuellement constituer le monnayage d’urgence répondant aux nécessités monétaires de Jugurtha38. On souscrirait plus volontiers à cette hypothèse de travail s’il n’existait pas par ailleurs un monnayage poliade comme celui d’Icosium39, faisant une large place à l’utilisation du plomb. Cette dernière ne serait-elle pas alors plus largement significative d’une pauvreté en métaux de la Numidie en général ? La question reste ouverte.

33En ce qui concerne la contremarque en forme de trophée (figure 12), elle apparaît entre autres sur des monnaies comportant les lettres gn40. Ces dernières peuvent désigner soit Gulussa, fils et successeur de Micipsa, soit Gauda, successeur de Jugurtha41.

Figure 12 : MünzHandlung Ritter, Düsseldorf.



34Le premier terminus post quem laisse la possibilité d’une référence aux deux principaux succès que furent la prise de Carthage en 146 a. C. avec l’appui numide, et la victoire sur Jugurtha en 105 a. C. qui permit l’avènement de Gauda. L’adoption du second terminus nous priverait de ces hypothèses, sans doute trop faciles, pour nous ramener à la célébration de l’un des nombreux, éphémères et obscurs succès qui ont émaillé par la suite la complexe histoire dynastique de la Numidie, ce qui est plus vraisemblable.

35Au terme de cette étude on peut s’interroger plus globalement sur les ressemblances et les oppositions entre l’image des souverains numides donnée par les textes et celle que nous livrent les monnaies. Dans la mesure où les textes gréco-romains s’intéressent aux affaires africaines essentiellement dans un contexte militaire, c’est évidemment une image largement guerrière qu’ils nous donnent des souverains numides. Cette image est alors renforcée par le topos littéraire qui crédite volontiers le Barbare, et donc aussi le Numide, d’une certaine uirtus, à défaut d’autres qualités fondamentales. Les circonstances évoquées par ces textes nous montrent par ailleurs inévitablement des princes numides pris dans la tourmente des événements et des alliances qui remettent en jeu leur pouvoir ou leur donnent espoir d’en acquérir. Nous attendrions donc des monnaies que, en miroir des textes, elles insistent sur les mêmes éléments : enjeux de pouvoir et célébration guerrière du prince. Qu’en est-il en fait ? L’image directement guerrière du prince au combat n’est présente que sur les monnayages de Syphax, donc en pleine tempête de la deuxième guerre punique. Sur tous les autres monnayages cette fonction militaire est certes perceptible, mais indirectement suggérée par des éléments triomphaux comme la couronne de lauriers, un cheval évoquant la cavalerie numide ou une rare et énigmatique contremarque au trophée. L’affirmation politique du pouvoir royal apparaît, quant à elle, surtout à des moments critiques : lorsque Syphax veut unifier la Numidie sous son sceptre, à l’avènement de Massinissa puis sous Juba Ier lorsque ce roi s’allie aux Pompéiens pour sauver l’existence de la Numidie, voire l’agrandir après la victoire. Entre temps, les rois successifs ne cherchent même pas à individualiser leurs portraits monétaires. Tout au plus certains d’entre eux apposent-ils discrètement leurs « initiales » au revers de monnaies aux types immobilisés. Le comble étant évidemment atteint par Jugurtha qui ne nous a laissé aucune monnaie identifiable à confronter au témoignage de Salluste ! On touche là certainement à une limite de la valeur documentaire du monnayage numide. En effet, hormis certaines périodes ponctuelles d’alliance du roi avec des puissances extérieures qui utilisent largement la fonction politique de la monnaie (Syphax et Carthage ; Massinissa et Scipion ; Juba Ier et les Pompéiens), celle-ci semble avoir beaucoup moins servi de cette façon au sein même du royaume, jusqu’à Juba Ier tout au moins. Sans doute en saurions nous bien davantage sur l’histoire intérieure de la Numidie s’il en avait été autrement.










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Notes

1 G. Camps, Aux origines de la Berbérie. Massinissa ou les débuts de l’histoire, Alger, Libyca, 1960.
2 Un point de la question sur les sources par J.-P. Laporte, « Recherches récentes sur l’Algérie libyco-punique », à paraître dans les actes du IVe congrès international des études phéniciennes et puniques. Sur la querelle, voir en particulier F. Coarelli & Y. Thébert, « Architecture funéraire et pouvoir : réflexions sur l’hellénisme numide », MEFRA 100 (1988), p. 761-818.
3 Voir les analyses déjà anciennes de C. Saumagne, La Numidie et Rome. Massinissa et Jugurtha, Paris, Presses universitaires de France, 1966.
4 S. Gsell, Histoire ancienne de l’Afrique du Nord, tome III, Histoire militaire de Carthage, Paris, Hachette, 1918, p. 189-192.
5 M. Coltelloni-Trannoy, Le Royaume de Maurétanie sous Juba II et Ptolémée, Paris, CNRS éditions, 1997, p.169-171.
6 Avant Juba Ier : CNNM, n° 1-16 et n° 17-18 (terme punique complet) et 19-20, 22 (abréviation) ; MAA, p. 393-394, n° 1-7 et p. 395, n° 9-10 (terme complet) ; p. 396, n° 11 et 13 (abréviation) ; pour Juba Ier : CNNM, n° 84-85, 87, et 90-93 ; MAA, p. 401, n° 29-30 et p. 402, n° 33-36. NB : CNMM = J. Mazard, Corpus nummorum Numidiae Mauretaniaeque, Paris, Arts et métiers graphiques, 1955 ; MAA = J. Alexandropoulos, Les Monnaies de l’Afrique antique (400 av. J.‑C.-40 ap. J.‑C.), Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2007.
7 A. Berthier & R. Charlier, Le Sanctuaire punique d’El Hofra à Constantine, Paris, Arts et métiers graphiques, 1955, n° 56-57 : B… št LMLKY (La … année du règne) ; 58 : L MLKY MSNSN HMMLKT (du règne de Massinissa le Prince) ; 59 : L MLKYM MKWSN HMMLKT ; 64 : L MLKM MKWSN ; 63 : L MLKNM MKWSN W GLSN W MSTN<B> >MMLKT.
8 Dougga : J.-B. Chabot, Recueil des inscriptions libyques, Paris, Imprimerie nationale, 1940, n° 2 ; Cherchell : J. G. Février, « L’Inscription funéraire de Micipsa », Revue d’assyriologie et d’archéologie orientale 45 (1951), p. 141-150.
9 C.-F. Jean & J. Hoftijzer, Dictionnaire des inscriptions sémitiques de l’Ouest, Leiden, Brill, 1965, p. 155 ; voir une discussion du terme dans A. Berthier & R. Charlier, op. cit., p. 54.
10 Par ailleurs la stèle 63 d’El Hofra mentionne les trois « princes » avec le titre mmlkt en commun : A. Berthier & R. Charlier, op. cit., p. 59.
11 Cherchell : ḤY ḤYM MKWSN MLK MšLYYM / MYšR >RṢT RBT MMLK>T ḤšB N / >L GM >DR TM> >DR : « Le vivant des vivants, Micipsa roi des Massyles / le Régent de la patrie, le chef des princes, le bienveillant / pour la majesté illustre et la perfection illustre » ; nous suivons ici la traduction de J. G. Février, op. cit.
12 Pour G. Camps, Encyclopédie berbère II, Aix-en-Provence, Edisud, 1985, p. 249, MNKD (lybique) = MLK (punique) = IMPERATOR (latin). Dans G. Camps, op. cit. n. 1, p. 216, il renvoyait à une inscription augustéenne néopunique de Leptis comportant deux titres militaires en équation : Imperator = MYNKD (libyque), et consul = RB MḤNT (punique). Pour J. G. Février, op. cit., p. 653, MNKDH ou MYNKD désignait au départ le chef d’une confédération militaire de tribus, différent de GLDT « vieille appellation de type religieux qui s’applique aussi au magistrat supérieur de Dougga ». Le roi numide porte-t-il véritablement ce titre « militaire » de MNKD(H) ? On aurait en ce sens la stèle de Micipsa (J. G. Février, op. cit., p. 652) où le roi (car c’est de lui qu’il s’agit, semble-t-il, pour J. G. Février) est qualifié de MNKDH (traduction de J. G. Février: « Micipsa le chef suprême »).
13 A. Berthier & R. Charlier, op. cit., p. 54, rappellent que sur une bilingue libyco-punique de Dougga (n° 3 de J.-B. Chabot, op. cit. n. 8), le titre est porté par six dignitaires qui ne sont pas rois. Pour G. Camps, op. cit. n. 1, p. 216, le terme MMLKT n’indique « ni un niveau hiérarchique, ni une fonction identifiable, simplement une notion de pouvoir ».
14 Voir supra n. 6.
15 CNNM, n° 17-18 ; MAA, p. 395, n° 9-10.
16 CNNM, n° 22 ; MAA, p. 396, n° 13.
17 1re série : CNNM, n° 169 ; MAA, n° 163, p. 393 ; 2e série : CNNM, n° 10-12 ; MAA, n° 6, p. 394. Les différences stylistiques entre les deux séries ont parfois fait penser à des monnayages de souverains différents (L. Charrier, Description des monnaies de la Numidie et de la Maurétanie, Mâcon, De Protat Frères, 1912 ; A. Berthier, La Numidie, Paris, Belin, 1980, p. 207-212). Tout en reconnaissant le problème posé par l’hétérogénéité des deux séries, J. Mazard, op. cit. n. 6, les attribue à un même roi, l’adversaire de Massinissa des sources écrites. Il sera suivi par G. K. Jenkins (SNG Copenhague, 1969, n° 489-492), H. R. Baldus, « Die Münzen der Numiderkönige Syphax und Vermina : Prägungen vom Ende des Zweiten Punischen Krieges (218 / 201 v.Ch.) » in H.-C. Noeske & H. Schubert (eds), Festschrift für Maria R.-Alföldi. Die Munze, Bild - Botschaft - Bedeutung, Francfort, Lang, 1991, p. 26-34 ; L. I. Manfredi, Monete puniche, repertorio epigrafico e numismatico, Rome, Libreria dello Stato, 1995, p. 194-195 et 307-308, et J. Alexandropoulos, MAA, p. 141-147. Si l’on excepte A. Berthier, l’accord est actuellement fait sur ce point. En revanche, si H. R. Baldus et L. I. Manfredi optent pour deux ateliers différents (Siga et Cirta), nous préférons y voir deux époques d’un même atelier, Siga à deux époques différentes ; cf. « L’Apport de la numismatique à la connaissance des dynasties numido-maurétaniennes », communication au CTHS du 2 février 2010, sous presse, et « Aux origines du monnayage numide », in M. P. García-Bellido, L. Callegarin & A. Jiménez Díez (eds), Barter, Money and Coinage in the Ancient Mediterranean (10th-1st centuries BC), Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Científicas, 2011, p. 11-121.
18 J. Mazard, CNNM, n° 18, reprenant L. Müller, Numismatique de l’ancienne Afrique, Copenhague, de Luno, 1860-1862, p. 91, parle d’une « courte lance » sur la série 1 et d’une « baguette » sur la série 2. En réalité on comprendrait mal la coexistence sur le revers de cette série d’une courte et d’une longue lance. Et de fait, l’exemplaire de la série 1 très bien conservé de la collection W. Niggeler, n° 553 (reproduit figure 1), montre le roi tenant une grande lance en arrêt et ce qu’il faut bien considérer comme un sceptre. Sur la série 2, ce sceptre se trouve toujours dans la main gauche du roi.
19 Cette lance en arrêt n’a pas été remarquée par tous les numismates, et il faut rendre cette justice à A. Berthier (op. cit. n. 17, p. 207), si critiqué par ailleurs, d’avoir été le premier à le faire : il l’indique en plus du sceptre.
20 Voir supra n. 17.
21 L. Villaronga, Las Monedas hispano-cartaginesas, Barcelone, Patrocinado por la Sección Numismática del círculo Filatélico y Numismático in Barcelona, 1973, p. 45-64.
22 H. R. Baldus, « Die Münzprägung der numidischen Königreiche », in H. G. Horn & C. B. Rüger (eds), DieNumider. Reiter und Könige nördlich der Sahara, Bonn / Cologne, Rheinisches Landes Museum Bonn, 1979, p. 188 et 202, pour le type, et H. R. Baldus,op. cit. n. 17, p. 29, pour l’influence sicilienne. En Espagne, on retrouve abondamment le thème du cavalier tenant une palme ou une lance : voir un point de la question sur le type lui-même et ses origines par A. Dominguez Arranz, Historia monetaria de Hispania antigua, Madrid, Vico editores, 1998, p. 168-171.
23 Il faudrait préalablement être sûr que Verminad a bien succédé à son père sur une partie de ses États. Même si comme le dit S. Gsell, « on voit combien les renseignements relatifs à Verminad sont peu sûrs », le fait semble acquis pour l’ensemble des historiens et numismates : S. Gsell, op. cit. n. 4, p. 195-196 et 282-285 ; S. Lancel, Appien, Le livre africain, Paris, Les Belles Lettres, 2002, p. 148 ; G. Camps, op. cit. n. 1, p. 188-192 ; Les Berbères : mémoire et identité, Paris, Errance, 1987, p. 78 et 87 ; W. Huss,«Die Westmassylischen Könige », AS 20 (1989), p. 209-220 ; M.-R. Alföldi, « Die Geschichte des numidischen Königreiches und seiner Nachfolger », in H. G. Horn & C. B. Rüger, (eds), op. cit., p. 43-74 ; 50 ; H. R. Baldus, op. cit. n. 17 ; L. I. Manfredi, op. cit. n. 17.
24 Tite-Live, XXX, 36,9 et XXXI, 11, 13-17 ; pour l’historiographie contemporaine, voir note précédente.
25 Appien, XXVIII, indique simplement une couronne et de nombreux présents donnés par Scipion, et détaille pour le Sénat (XXXII) : couronne, anneau d’or, chaise curule en ivoire, vêtement de pourpre, toge romaine, cheval avec phalère et équipement individuel complet. Les éléments militaires (venant du Sénat) et triomphaux (couronne venant de Scipion) recoupent l’image royale triomphale des monnaies.
26 CNNM, n° 17-18 ; MAA, p. 395, n° 9-10.
27 SNG Copenhague, n° 318-329, 331, 340-344, et 351-356 ; MAA, p. 382-386, n° 79-80, 84-85, 87, 88p, 88t et 91.
28 Cf., par exemple, XXX, 14, 4-11, où, dans son discours moralisateur à Massinissa, Scipion met en regard le manque de maîtrise de soi et de réflexion du roi d’une part et son courage de l’autre.
29 P. G. Walsh, Livy, His Historical Aims and Methods, Bristol, Bristol Classical Press, 1989, p. 66-81 ; A. Johner, La Violence chez Tite-Live ; mythographie et historiographie, Strasbourg, AECR, 1996, p. 51-53 ; sur le même épisode de Sophonisbe : Y. A. Dauge, « Le Barbare ; recherches sur la conception romaine de la barbarie et de la civilisation », Latomus 176 (1981), p. 424-438.
30 Sur ces évolutions, voir MAA, p. 173-186.
31 CNNM, n° 84 (denier) et 87 (quinaire) ; MAA, p. 401, n° 29 (denier) et n° 30 (quinaire).
32 CNNM, n° 92-93 ; MAA, p. 402, n° 35-36.
33 Sur tous ces points, MAA, p. 173-186.
34 Sur les émissions d’Utique, l’élément militaire se résume à une victoire qui apparaît à l’avers des très rares quinaires, cf. CNNM, n° 87 ; MAA, p. 401, n° 30.
35 CNNM, n° 89 ; MAA, p. 402, n° 32.
36 Pour Juba II : CNNM, n° 125-134 ; MAA, p. 416, n° 69-74, 135, 142, 174. Sur le type en général, voir M. Coltelloni-Trannoy, « Les Représentations de l’Africa dans les monnayages africains et romains à l’époque républicaine », in S. Lancel (ed.), 7e colloque international d’histoire et d’archéologie d’Afrique du Nord, Nice, 21-31 octobre 1996, Paris, CTHS, 1999, p. 67-91. Nous ne partageons pas les analyses de l’auteur, excellentes par ailleurs, sur une origine du type monétaire en Afrique qui serait due à Hiarbas et Hiempsal. Les monnaies attribuées à Hiarbas par Mazard (CNNM, n° 94-97) le sont sans fondement et restent incertaines (MAA, p. 187-191) et celles qu’il donne à Hiempsal ont été réattribuées aux autorités puniques de Sicile émettant au cours de la deuxième guerre punique : L. I. Manfredi, op. cit. n. 17, p. 50 ; p. 210-211 pour un point de la question.
37 L’attribution à ce souverain des monnaies CNNM n° 73-75 désormais données à la Sicile punique, L. I. Manfredi, op. cit. n. 17, p. 210-211.
38 CNNM, n° 26, 30, et 48 ; MAA, p. 399, n° 26-28. Il s’agit d’imitations franchement postérieures (Ier siècle a. C.) pour G. K. Jenkins, SNG Copenhague, n° 518-519 ; plus généralement postérieures aux bronzes pour D. Gérin, « Un Trésor de monnaies numides trouvé à Cherchel (?) à la fin du XIXe siècle », Trésors monétaires 11, Paris, Bibliothèque nationale, 1989, p. 9-17, p. 15.
39 CNNM, n° 541-542 ; MAA, p. 471, n° 140 ; D. Gérin & P. Salama, « Monnaies puniques d’Ikosim. Un trésor mixte du IIe siècle a. C. trouvé en 1941 à Alger », in S. Lancel (ed.), op. cit. n. 36, p. 27-51.
40 CNNM, n° 53 pour la contremarque sur monnaie anépigraphe ; n° 38 sur monnaie à légende GN ; MAA, p. 397, n° 18 contremarque a et n° 14b.
41 Nous réservons ce point pour une étude ultérieure. L’attribution à Gauda est plus plausible ne serait-ce qu’en raison de l’absence de monnayage au nom de Mastanabal. Il serait étonnant que nous ayons des émissions au nom de deux seulement des trois co-régents de 148 a. C., Micipsa et Gulussa, sans en avoir du troisième, Mastanabal.










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II Les rois soumis sur les deniers républicains : Persée, Arétas III, Jugurtha, Bocchus

Enfin en 56 a. C., sur des monnaies de Faustus Sylla, fils du dictateur, le roi Bocchus de Maurétanie, un genou à terre, offre une palme à Sylla, à qui il vient de livrer le roi Jugurtha, représenté lui aussi agenouillé mais avec les mains liées dans le dos14. La scène, qui figurait aussi sur le sceau de Sylla15, procède d’un groupe statuaire érigé à Rome dans les années 90 par Bocchus.

L’émission de Faustus Sylla est particulièrement intéressante car elle résume l’alternative offerte aux rois étrangers dans leurs relations avec Rome : Bocchus, archétype du roi ami et allié de Rome, participe à la victoire et reconnaît la suprématie de Rome ; Jugurtha, archétype du roi rebelle, est enchaîné en attendant son châtiment. Tous deux sont agenouillés devant Sylla, modèle du magistrat romain, qui domine la scène et reçoit l’hommage de Bocchus. On croirait une illustration du vers programmatique de Virgile : parcere subiectis et debellare superbos (Énéide VI, 853). Le schéma, complet sur les monnaies de Sylla, est également applicable aux monnaies de Scaurus et de Lepidus : Arétas est dans la même situation que Bocchus ; Persée et ses fils sont sur le même plan que Jugurtha.


Figure 4: RRC 426 / 1; LHS Numismatik AG, Auct. 103, n°191, 5 mai 2009.





Toutes ces images de rois figurent au revers des monnaies romaines, et constituent des scènes et non des portraits. Elles ne posent pas de problèmes d’interprétation. Il est facile de voir combien elles profitent aux aristocrates qui les réalisent : en soulignant la part prise par leur famille ou par eux-mêmes dans la constitution de l’imperium populi romani, elles légitiment leurs prétentions politiques à Rome même et les qualifient tout particulièrement pour intervenir dans les affaires des royaumes représentés. Il faut noter que ces émissions se placent toutes dans les années 62 à 55, où la question des relations avec les rois paraît bénéficier d’une attention particulière. Deux facteurs principaux expliquent ce phénomène : la question de l’avenir du royaume lagide, qui est pendante dans les années 60 et suscite la convoitise des aristocrates, et l’intérêt particulier des imperatores pour les relations avec les rois. À partir de Pompée, on peut considérer en effet que la supériorité sur les rois est devenue un élément essentiel de l’ethos de l’imperator16. Ainsi, en représentant Paul‑Émile et ses prisonniers, le jeune L. Aemilius Lepidus Paullus voulait faire valoir à ses concitoyens que c’était à sa famille que Rome devait la Macédoine. De même, Aemilius Scaurus rappelait qu’il avait lui aussi soumis un roi à l’autorité de Rome et étendu l’Empire jusqu’à la Nabatène. L’éclat des jeux donnés lors de son édilité montre que Scaurus avait une politique de communication particulièrement énergique et incite à interpréter les monnaies comme un outil dans la quête du pouvoir. Cette émission considérable fut peut-être même réalisée avec une partie du butin ; si c’est le cas, elle servait de preuve matérielle des exploits de Scaurus.

Quant au roi lui-même, il est à proprement parler un faire-valoir : bien que sa situation ne soit pas réductible à un schéma unique, ni (dans le cas de Bocchus et d’Arétas) absolument défavorable, sa soumission politique n’est pas douteuse. L’iconographie du roi repose sur le motif bien attesté de l’humiliation du Barbare, qui se reflète à Rome jusque dans la sphère privée, selon des voies et au terme du processus que P. Zanker a mis en évidence17. Cette imagerie violente est ancienne, mais elle paraît précisément se durcir dès la fin de la République, peut-être sous l’effet des représentations triomphales18. Le roi hellénistique n’est plus alors qu’une figure de l’obéissance. Son titre même, Basileus, qui apparut sur les monnaies des Diadoques à la fin du quatrième siècle, est présent sous la forme latine rex sur les émissions de Scaurus. Mais, associé à un personnage agenouillé, il n’est plus synonyme de pouvoir indépendant et n’a pour fonction que de faire ressortir par contraste la puissance de Rome.




Référence électronique
Jacques Alexandropoulos, « Aspects militaires de l’iconographie monétaire numide », Cahiers des études anciennes [En ligne], XLIX | 2012, mis en ligne le 21 mai 2012, consulté le 21 décembre 2015.










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