Les origines des Larbaa]
L'histoire des Larbaa est un amalgame de légendes et de traditions qui nous renseignent sur la création, la migration et l'occupation par cette tribu du nouveau territoire dans la région de Laghouat. Ces Larbaa légendaires ont de tout temps abrité de nouveaux venus. Ce qui a permis l'évolution fulgurante de cette petite tribu dont il résultera la grande tribu puis la confédération des Larbaa.
Pour ce qui est de leurs origines, il est difficile d'être affirmatif sur ce point. La tradition transmise parle d'une origine géographique : le Zab, mais elle nous informe pas assez sur une généalogie authentique. Les Larbaa n'ont pas un ancêtre éponyme, auquel on pourrait prétendre y appartenir comme c'est le cas chez les Oulad Naïl. Toutefois, si on passe aux fractions, on retrouvera ces ancêtres communs et les individus sont ainsi liés par la consanguinité. Dans ce cas, on dénombre les Oulad Si Aissa, Les oulad Ali, les Oulad Ouargla, les Oulad Ounis, les Oulad Daoud, les Oulad Attia, les Oulad Si moussa...
Dans les différentes recherches et travaux faits sur ces tribus, il n'existe pas un consensus sur leurs origines. E. Mercier les intègrent dans un groupe de tribus d'origine berbère qui se sont arabisés " Quant aux tribus berbères arabisées, elles sont nombreuses et nous citerons parmi elles (...) Dans le beylik de Titeri, au sud de Médéa: Les Lar’ouate, Larbâ, Sindjas, etc." (Ernest Mercier, Histoire de l'Afrique septentrionale, tome III, Paris, ERNEST LEROUX ÉDITEUR , 1868, p 548).
Le capitaine LEHURAUX, affirme que le nom des Larbaa " avait été donné à une grande tribu hilalienne qui depuis des siècles occupait le Zab " (Léon LE HURAUX, Le nomadisme et la colonisation dans les hauts plateaux de l'Algérie, Éditions du comité de l'Afrique française, Paris, 1931, p 33).Emile Dermenghem soutient la même thèse " les Larbaa, arrivés au Zab avec l'invasion hilalienne " (E. DERMENGHEM, le Pays d'Abel, Gallimard, 1960)
Ces travaux sur les Larbaa ne portent pas sur une étude généalogique approfondie, cependant, ils avancent superficiellement des hypothèses sur l'origine des Larbaa pensant que ces tribus venant du Zab ne pouvaient être que des berbères fuyant la domination des arabes dhouaoudas dans ce pays ou bien des hilaliens nomades qui partaient à chaque fois à la quête de nouveaux pâturages. De nos jours, ces études s'imposent toujours comme étant les seules sources de recherches.
La généalogie des différentes formations juxtaposées dans cette grande tribu, nous apprends plus sur les origines des Larbaa. En effet, il y a parmi eux des groupes maraboutiques qui se prétendent chorfas comme les Oulad Salah, descendant d'un ancêtre commun, Sidi Omar ben Salah ou bien encore les Oulad Zid, descendant de Zid ben Ahmed ben Mansour...
Dans une étude récente sur la poésie de Sidi El-HAdj Aissa, le Docteur Bachir BEDIAR nous apprend que -les Larbaa sont des tribus yamanites qui ont migré en Egypte et sont venus avec l'armée de Okba ibn Nafi en Ifrikia (actuel Tunisie)-. Il soutient, d'ailleurs, que sont l'une des plus anciennes tribus arabes installées dans la région de Laghouat (Diwan Sidi El-hadj Aissa El-Aghouati p 31). Cette chronique bien qu'elle a pour source une tradition n'a pas été rapportée par les auteurs français, elle a besoin, par ailleurs, d'explications plus amples...
Arbaa ou Larbaa : origine du nom
Les Larbaa ou Arbaa sont un groupe de quatre tribus d’origines diverses qui devaient pour des raisons de sécurité, se rassembler dans un même espace et se confédérer entre elles, à travers plusieurs époques de leur histoire.
Le premier espace tribal connu pour ses tribus est celui des Zibans. Des légendes et des affirmations s’accordent pour délimiter cet espace entre Sidi Okba, Sidi Khaled et Oulad Djallal des oasis du pays de Biskra.
C’est dans ce pays que ces tribus se réunirent et prirent ce nom connu jusqu’à nos jours. Que signifie-ce nom et quelle est son origine ?
Deux études se sont penchées sur cet aspect, la première celle de Si Amar DHINA dans son article « Notes sur la phonétique et la morphologie du parler des Arbâ », paru dans la revue africaine volume 82 année 1938n pp 313-352. La seconde est celle de Monsieur Yves BONETE, dans sa thèse de doctorat 3ème cycle « contribution à l’étude des pasteurs nomades Arbaa ». Ainsi, la transcription varie d’un auteur à un autre.
Le sens étymologique de ce nom revient à l’époque de la formation de la première confédération entre quatre tribus ou fractions : les Maamra, les Hadjadj, les Oulad Salah et les Oulad ZId. Cette explication légendaire précise que la dénomination prise par cette nouvelle entité a pour origine cette alliance entre les quatre groupes d’hommes.
Pour d’amples explications, l’étude de Monsieur BONETE est très instructive sur ce point : « L’unanimité n’est pas faite sur le sens du mot arbâ’a. Les divergences viennent peut-être de ce que la prononciation a pu se modifier au cours des années, altérant les phonèmes originels. L’un des sens attribué à ce nom est « quarts » et trouverait une explication dans la tradition, ou la légende, qui voudrait qu’au début la tribu ait groupé quatre fractions, chacune formant un quart. » Cette thèse est reproduite dans un autre travail monographique dont l’auteur est le Lieutenant LAQUIERE, adjoint de 1ère calasse au bureau arabe de Laghouat (Renseignements biographiques et historiques daté du 31 décembre 1884, archives de la sous-préfecture de Laghouat).
Pour BONETE « la traduction donne alors les quarts. Si la transcription al-arbâ’a est dans ces conditions correcte nous jugeons le processus explicatif un peu compliqué et trouvons plus logique le sens le plus communément admis : les quatre (…) Il est encore une autre signification donnée à ce nom, c’est assemblée ou confédération… »
D’après A. DHINA les « Arbâa » sont dits officiellement « Larbâa » ce qui appuie le graphisme administratif sous la forme « Larbaa ».]