Soyons clairs et précis…
Si aujourd'hui mettre les points sur les i indique que les choses doivent être clairement précisées, le pourquoi du comment de ce point perché n'est quant à lui ni clair, ni précis. Les hommes communiquent par écrit depuis relativement longtemps, depuis en fait qu'ils couvrent les murs de leurs abris avec des dessins et autres graffitis symboliques. Mais il faudra attendre les sumériens, trois milles ans avant notre ère, pour voir apparaître la représentation des sonorités vocales par des lettres. Les grecs puis les romains, au gré des conquêtes militaires, des brassages culturels et des échanges de bons procédés, vont développer ce système. Ils mettront au point un alphabet avec vingt-trois lettres qui va être diffusé à travers tout l'empire romain et deviendra le fondement de notre écriture majuscules. Mais toujours pas de point à l'horizon...
Un nouvel élan sera donné, quelques siècles plus tard, par un conseiller de Charlemagne, qui pour harmoniser les graphies dérivées du latin, définira des lettres plus lisibles. Avec leurs formes bouclées elles sont à l'origine de nos minuscules.
Par la suite l'écriture a essentiellement consisté en la recopie par les moines de textes religieux. Cette tâche pour le moins fastidieuse donna lieu à une dérive qui amena une écriture pointue, anguleuse et composée de hauts jambages : le gothique. Certainement lassés par l'impossibilité de distinguer certaines lettres entre elles, les ecclésiastiques apposèrent un petit trait oblique au dessus des i. Cette pratique fut pérennisée et survécut même au gothique. Dans un souci de simplification le trait se transforma en point.
Ce n'est toutefois qu'à la fin du 18éme siècle que ce point gagna ses lettres de noblesse en étant officialisé par l'académie. Il était d'ailleurs en bonne compagnie, puisque escorté du J, du U et du W qui faisaient aussi leur entrée officielle dans le dictionnaire.