La
drogue
Une drogue
est un composé
chimique, biochimique ou naturel, capable d'altérer une ou plusieurs
activités neuronales et/ou de perturber les communications neuronales. La
consommation de drogues par l'homme afin de modifier ses fonctions
physicologiques ou psychiques, ses réactions physicologiques et ses états de
conscience n'est pas récente. Certaines drogues peuvent engendrer une dépendance physique ou psychologique. L'usage de celles-ci
peut avoir pour conséquences des perturbations physiques ou mentales.
Le terme
« drogue » recouvre essentiellement deux aspects : la nature des
effets biologiques que la drogue induit d'une part et, d'autre part, les
rapports que celui qui la consomme entretient avec elle. Il faut qu'un
composant chimique donné soit consommé pour qu'il puisse répondre à
l'appellation de « drogue ». Le mode et la fréquence de consommation
influe directement sur l'accoutumance
ou la dépendance au produit.
Un système de
régulation de la production,
du commerce et de la
consommation des drogues a été mis en place au cours du XXe siècle. Les
règles édictées par les États tiennent compte des implications politiques,
sociales et sanitaires de la consommation de drogues et déterminent la réglementation de
leur usage ou leur interdiction. Une politique de prohibition plus ou moins généralisée a également été mise en
place pour les produits stupéfiants.
La législation mise en
place permet donc elle aussi de préciser la notion de drogue.
Histoir de la drogue
Les drogues ont
toujours et partout existé[29].
La culture du pavot
à opium était par exemple connue en Mésopotamie
4 000 ans avant l'ère chrétienne, l'utilisation de la feuille de coca est attestée en Équateur et au Pérou en 2 100
et 2 500 av. J.-C. et la référence la plus ancienne connue aux usages
psychoactifs du cannabis date de
2 700 av. J.-C. en Chine[30].
L'extension
géographique des plantes alcaloïdes
a en partie déterminé leur utilisation par les hommes, qui ont pu découvrir ou
répandre leur utilisation au cours des migrations. Ainsi, même les régions les
moins pourvues en plantes psychoactives ont tout de même connu très tôt l'offre
de drogues diverses et variées par le mécanisme des échanges[29].
Au XVIIe siècle
apparait la notion de « substance vicieuse », proposée par
l'économiste Jean-Baptiste de Montyon, qui, au cours d'une réflexion sur la
fiscalité, propose de taxer les comportements immoraux[31].
À la fin du XIXe siècle, Thomas Larchevêque, dans une
thèse consacrée au monopole du tabac,
définit les substances vicieuses comme des biens dont « la consommation
nuisible ou au moins inutile ne procure aucun avantage à l'organisme et qui ne
sont que des excitants pernicieux du système nerveux »[32].
Ce qui est
qualifié de drogue au cours du XXe siècle
ressort de la catégorie des « substances vicieuses », définies pour
la première fois au siècle précédent[33].
L'histoire, la
géographie, la localisation, la diffusion et la consommation des drogues
changent brusquement à partir du XIXe siècle avec
les progrès de la pharmacologie et de la médecine allopathique, ainsi que
l'expansion de la civilisation industrielle et de l'internationalisation des
échanges [34].
La notion de
drogue s'applique alors aux principes actifs et
conserve ce sens en pharmacologie
(préparations des apothicaires puis médicaments)[7]
et reste d'ailleurs ainsi employé par certaines personnes âgées. En anglais, drug
est une traduction de médicament.
La mise en œuvre
au tournant du XIXe siècle-XXe siècle d'un
système de contrôle international des drogues instaurant des mécanismes de
régulation de la production, du commerce et de la consommation de certaines
drogues introduit une séparation entre les drogues dites « licites »,
désignées par le terme « médicaments »,
qui sont contrôlés, et les drogues « illicites », désignées par le
terme « stupéfiants »[35].
Ainsi un même composé
chimique peut être appelé médicament ou drogue, selon
son usage[36].
La régulation
mise en place à partir du XIXe siècle créé
alors deux marchés transnationaux, interconnectés mais disposant cependant
chacun de leur fonctionnement et de leurs acteurs propres : pour les
médicaments, c'est l'industrie pharmaceutique et les médecins allopathes ;
pour les stupéfiants, c'est la police, les tribunaux ou la douane d'un côté et
les trafiquants de l'autre
Typologie des drogues
Il existe de nombreuses
classifications des drogues. Ces classifications ont été établies au cours du XXe siècle en
prenant en compte leurs effets, leur famille pharmacologique, leur activité sur
le système nerveux, leur dangerosité (en fonction de la dépendance physique,
psychique et de l'accoutumance), leurs implications sociales ou leur statut
juridique.
En fonction des facteurs pris en
compte, on verra donc certains produits réglementés et ayant une action psychotrope (alcool, tabac
ou médicaments psychotropes par exemple) peuvent être considérés
ou pas comme étant des drogues.
Aux Pays-Bas, en 1972, le rapport Baan définit les
drogues en termes de potentialité d'un risque d'usage et non en termes
de nocivité d'une substance. Cette définition est considérée comme
l'élément fondateur de la politique hollandaise en matière de drogue
considérant qu'un produit n'est pas par nature une drogue mais peut le devenir
de par son usage