ãäÊÏíÇÊ ÇáÌáÝÉ áßá ÇáÌÒÇÆÑííä æ ÇáÚÑÈ - ÚÑÖ ãÔÇÑßÉ æÇÍÏÉ - Les "alaouites" ne sont pas des "descendants" du prophète(6)
ÚÑÖ ãÔÇÑßÉ æÇÍÏÉ
ÞÏíã 2014-08-14, 23:48   ÑÞã ÇáãÔÇÑßÉ : 4
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Emir Abdelkader
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ÇÝÊÑÇÖí Les "alaouites" ne sont pas des "descendants" du prophète(4)

Les "alaouites" ne sont pas des "descendants" du prophète(4)




53. La première révolte du Rif

Le 9 juillet 1909, les habitants de Melilla - qui subissaient depuis des siècles l'occupation espagnole - attaquèrent un convoi de mineurs qui se rendaient dan la zone de protection et d'exploitation qui n'avaient jamais été autorisées: légitime défense contre le brigandage espagnol. Les paysans ne faisaient que défendre la souveraineté nationale, rôle que le sultan avait totalement abandonné. L'affaire était caricaturale du colonialisme: le goupillon chargé d'eau bénite dans la main de l'ambassadeur Merry del Val, la mitrailleuse dans celle du général Marina. La "civilisation" en marche fut arrêtée par le raz -le- bol des rifains.

L'Espagne eut un haut le cœur lorsque les va-nu-pieds du Rif taillèrent en pièces sa glorieuse infanterie qui avait l'habitude de ridiculiser les troupes du sultan.

L'envoyé spécial du "Temps" raconte: "Retranchés dans la montagne, tireurs adroits et ménagers de leurs munitions, les Rifains s'étaient révélés comme des ennemis redoutables et certains régiments espagnols à peine débarqués de la Péninsule, avaient perdu en moins de vingt-quatre heures, la moitié de leurs effectifs."

L'histoire n'a pas retenu les noms des chefs de la révolte pour l'excellente raison qu'il n'y en avait pas.

Abd-El-Krim était encore adolescent.

Le peuple marocain prouva alors que (débarrassé de faux prophètes, tel El Hiba qui prétendait faire se changer en pluie les balles des Chrétiens) il pouvait efficacement combattre pour défendre la réalité de son existence sur un terrain difficile qu'il exploitait à merveille, et qu' il pouvait éparpiller n'importe quelle armée moderne dépaysée et estomaquée par la vigueur de l'opposition et de la résistance.

Le sultan justifiait ses pantalonnades devant les grandes puissances par la "médiocrité" de ses troupes, et de leur armement, incapables de s'opposer aux armées chrétiennes...

Mais, la vérité est que personne ne voulait se battre pour préserver son trône et ses insupportables privilèges. Quand la cause était juste et les objectifs clairs, le peuple marocain savait résister et se battre avec un cœur et une efficacité admirables.

L'armée du sultan n'était pas l'armée marocaine. On ne voulait pas mourir pour un tyranneau alaouite, mais on se battit jusqu'à la mort pour défendre l'intégrité nationale.



54. Une résistance rifaine farouche

Le sultan alaouite - avec son makhzen pourri et corrompu - avait mené le pays à la défaite, se faisait ridiculiser même par les troupes espagnoles lors du "siège de Tétouan" en 1866. Aujourd'hui une poignée de paysans rifains, avec leur seule volonté de légitime résistance, sans chefs ni argent, jetaient la panique dans les rangs de ces mêmes espagnols.

Contrairement à la caricature des combats coloniaux, où l'on voit (dans les livres et dans les films) de beaux légionnaires blonds au regard aussi clair que la conscience lutter contre les "salopards" (terme employé par les soldats français et les légionnaires vers 1925 pour désigner les combattants rifains) à un contre dix, c'était ici exactement le contraire: quelques centaines de rifains, obligés de ménager leurs balles achetées avec leurs maigres ressources agricoles, se battaient contre 40.000 espagnols fastueusement ravitaillés par mer.

Après quelques semaines de combat pourtant inégal, le général Marina avait perdu la moitié de ses dix mille hommes et avait demandé et obtenu 35.000 hommes en renfort.

Si les armées d'invasion avaient été secouées de la sorte dans tout le pays et que c'était possible, comme elles l'étaient dans le Rif, il aurait fallu un corps expéditionnaire franco-espagnol d'un million d'hommes éparpillés d'Oujda à Safi, et de Tanger à Zagora pour faire fléchir le Maroc!

Le crime de l monarchie est d'avoir empêché cette levée de résistance en masse.

Un des guérilleros résistant rifains venu à Fès demander que le Maghzen les aide contre l'Espagne, a raconté à l'envoyé spécial du "Temps" comment les combattants rifains s'étaient organisés. C'est le seul témoignage que l'on ait, les soldats de l'ombre n'ayant jamais eu la parole: "Beaucoup d'entre nous ont des "deschra "(carabines à tir rapide) et chaque communauté villageoise en a une petite réserve pour ramer ceux de ses membres qui n'en ont pas. Nous avons également des moules à balles et des machines à réamorcer les cartouches avec de la poudre que nous fabriquons nous-mêmes quand nous manquons de poudre de contrebande. Malgré tout, nous ne pouvons ravitailler un nombre suffisant de combattants en vivres et en munitions. Actuellement, nos contingents vont au combat par dixièmes renouvelés tous les quinze jours. Il faudrait que nous arrivions à faire donner en même temps au moins un quart de nos effectifs." ( publié dans "Temps ", Janvier 1910).



55. Hafid démasqué !

Les résistants rifains croyaient encore que Hafid était le sultan du jihad contre l'envahisseur: il ne l'avait été verbalement que pour se débarrasser de son frère Abdelaziz, pour duper le peuple marocain et le démobiliser. Ce porte-parole des résistants riffains attendit plusieurs semaines avant d'être reçu par le sultan Hafid. Méprisé comme un vulgaire ambassadeur espagnol, il regagna ses montagnes sans avoir rien obtenu du sultan, mais il l'avait obligé à se démasquer. Et le peuple rifain continua le combat comme il l'avait engagé, seul.

Il avait gardé sa force vive parce que éloigné de la pourriture fassie et des compromissions obligées pour ceux qui à Fèz gravitent de près ou de loin autour de la cour la plus ramollie de son temps.

Hassan II a une fulgurante explication pour justifier cette traîtrises familiale alaouite. Il dit (dans "Le Défi", p.16): "lorsque ce pays se trouve isolé, pratiquement désarmé, il doit éviter l'épreuve de force qui le ferait tomber dans une plus grande servitude." Et ce sont les sultans alaouites qui ont effectivement isolé et désarmé le pays!

Qui a empêché le Maroc à avoir une armée à la hauteur de son peuple?

C'est l'illégitimité et la non représentativité de la monarchie qui ont empêché notre pays d'avoir une défense nationale, au lieu d"une armée d'esclaves qui dirigent ses armes contre le le peuple pour défendre et protéger un sultan illégitime, corrompu et usurpateur du pouvoir.

La monarchie a livré le peuple marocain désarmé aux convoitises des envahisseurs.



56. Le peuple résiste aux occupants
espagnoles, Hafid leur cède ...

L'armée française contre le Maroc, ce n'était pas joué d'avance, ce n'était pas l'éléphant tricolore contre la puce marocaine. C'est avec l'aide et la collaboration des sultans alaouites que les occupants ont pu soumettre, dominer et massacrer des centaines de milliers marocains dans l'Oriental, dans le Rif, dans les plaines, dans la montagne, et dans les villes.

Les succès rifains de 1909 prouvent, s'il en était besoin, qu'avec un matériel léger, mais en état de marche, le peuple marocain était capable à lui seul d'empêcher la dictature des alaouites et des occupants: les puissances d'occupation n'avaient pas les moyens de faire la guerre. Elles pouvaient seulement mener des opérations de police les plus économiques possibles.

L'argument du "génocide" qu'eussent commis, en cas de résistance, la France et l'Espagne ne tient pas: en 1909, les pertes espagnoles sont 20 fois plus lourdes que les pertes marocaines. Envoyer des foules mal armées ou désarmées pour attaquer attaquer l'artillerie lourde au grand galop, c'était se jeter à l'assaut du ciel comme le fit Moulay Abderrahman à la bataille de l'Isly (13 août 1844) et comme le fera El Hiba contre Mangin. C'est le crime des notables qui eux s'en sortent toujours: le sultan vaincu et El Hiba, eux, ils finiront dans leurs lits.

Organiser une guérilla de résistance implacable, c'est prendre réellement le ciel et les rifains l'avait deviné et démontré avec éclat. Non, le peuple marocain n'était pas battu d'avance. On l'a empêché de résister comme il le voulait: les marocains ont été fusillés dans le dos et du haut de son balcon au cèdre doré, le sultan regardait l'immonde exécution qui préservait ses privilèges. Voilà la vérité qu'Hassan II escamote en deux lignes. Mais sa haine contre tous les mouvements de résistance populaires efficaces se comprend: l'insurrection d'Abd-El-Krim était un mouvement républicain qui voulait jeter les occupants et leur marionnette, le sultan, à la mer.

Il a fallu trois mois et des milliers de tués et de blessés au général Marina pour occuper le djebel Nador et la Qasba de Sélouane, ancien quartier général de Bou H´mara dont les restes pourrissaient depuis quelques semaines dans la résidence d'été du sultan. Victoire à la Pyrrhus, car Marina ne pouvait guère bouger de sa "conquête" et il était obligé d'immobiliser un corps expéditionnaire disproportionné avec le terrain gagné.

La montagne et la nuit appartenaient toujours aux révoltés. Hafid allait donner à l'Espagne sur le tapis vert ce qu'elle n'avait pu prendre sur le terrain par la force. En novembre 1910 le sultan cédait par le traité de Madrid tout ce que Merry del Val lui avait demandé l'année précédente, sauf les mules d'eau bénite. Les rifains n'étaient pas morts pour rien: ils avaient donné l'exemple et obligé le sultan à se démasquer. Mais d'abandons en renoncements, Hafid ne pouvait pas aller bien loin. La mission militaire française à Fèz allait avoir du travail.



57. Le peuple résiste aux occupants Hafid
résiste... à son frère, en ravageant le pays !

Pendant que le Rif résistait à l'occupation espagnole dans la région de Melilla, un frère du sultan, Moulay El Kebir soulevait la région de Taza décidément bien peu légitimiste! C’était à prévoir. Ses frères voulaient faire comme lui et réclamaient une part de l’"héritage familial". Ils ont hérité le pays et le peuple comme si les marocains étaient un troupeau de bétail!

Hafid envoya donc dix-mille hommes… non pas contre son frère trop bien protégé par ses montagnes et ses murailles, mais contre les tribus de l’oued Innaouen. Cette « mehalla » était normalement commandée par Mohammed El Glaoui ("ministre de la guerre", à peine pubère) dont le seul "mérite" était d’être le fils d'un des "bergers" qui surveillaient le troupeau, le "tout-puissant" grand vizir Madani El Glaoui.

La « mehalla » partie en décembre 1909, resta dix mois chez les Hayaina, à mi-route de son objectif supposé et se comporta comme les Grandes Compagnies de la guerre de Cent ans, préférant faire la guerre aux paysans, aux femmes et aux enfants. De la grande politique, pour lutter contre un prétendant en ravageant le pays.

Les criminels brigands alaouites transformèrent le pays en désert.

Il faut vraiment que le Maroc soit indestructible pour avoir résisté à deux cent cinquante ans de pouvoir alaouite!

Les « commandos » de Sa Majesté détroussèrent les caravanes, pillèrent les marchés, incendièrent les douars, rançonnèrent les hommes, vendirent les femmes comme esclaves. Les putains qui suivaient les brigands de Sa Majesté se faisaient maquerelles et achetaient les enfants pour l’usage que l’on devine: un gosse se vendait pour le prix d’un demi-mouton. C’était insuffisant pour faire vivre ce nuage de sauterelles téléguidé de Fèz: les soldats vendirent donc leurs armes et leurs munitions, comme n’importe quel soldat de Long-Nol, de Karzay, d'Allaoui, de Abbas, de Séniora: les "Hafid" des occupants juifs et de leurs marionnettes Américains d'aujourd'hui! Il n’y a pas de coïncidence ..!


58. Le sanglant imbécile Hafid collaborait
avec les occupants pour le piller le pays

"Moulay" El Kebir pouvait dormir tranquille à Taza, tandis que le pays passait d’atroces nuits blanches. Les Alaouites ne se mangent pas vraiment entre eux. Le jeune Glaoui et Hafid envoyèrent même quatre mille hommes « en renfort » et laissèrent faire ce carnage atroce pendant neuf mois : ce pillage systématique du pays était une invention alaouite, on le sait, et Hafid était tranquille dans son palais, dégarni de soldats de grand chemin puisque les Français le protégeaient de la mauvaise humeur de ses sujets. La collaboration franco-alaouite se rodait bien. Ce furent les Français qui manquèrent de patience. Comme pour Bou H´mara, ils trouvèrent la plaisanterie saumâtre. Leur sultan avait vraiment l’air de ce qu’il était, un sanglant imbécile. Et l’opinion publique française, déjà pas très favorable aux « aventures coloniales », finirait par le savoir et les députés par ne plus voter de crédits.

Les conseillers militaires français reçurent l’ordre d’intervenir pour sauver le régime. Les quatre officiers français exigèrent que le sultan rappelât ses troupes de « coupeurs de route ». Le 20 octobre 1910, l’armée alaouite - armée et financée par les occupants - ramenée à petites journées fut massée comme pour la parade dans la cour du Méchoauar du palais du sultan fantoche. En guise de félicitations pour leur héroïque conduite au "combat" - contre les paysans, les femmes et les enfants -, le chef de la mission militaire française leur tendit un piège, si grossier qu’il réussit pleinement. Il décida d’abord de passer une revue de matériel. Après neuf mois de campagne, il ne restait plus aux quatorze mille hommes devenus cinq mille cinq cents (les autres avaient déserté) que 1.500 fusils et 3.000 uniformes. Des centaines de chevaux et de mulets avaient été vendus. Des hurlements retentirent quand les fusils disparurent. Trop tard.

Les soldats directement commandés par les Français et les sept cents esclaves de la garde noire de Hafid étaient en embuscade aux créneaux. Le brouhahas tomba aussitôt. Les soldats n’avaient pas envie de subir le sort de leurs victimes civiles! Le commandant Mangin (ne pas confondre avec le futur général qui s'opposera à Lyautey) fit lire un décret signé par Hafid, mais rédigé par lui : l’armée était licenciée, mais les hommes pouvaient se réengager après visite médicale et acceptation d’une discipline calquée sur celle de l’armée française. Trois mille hommes furent reconnus bons pour le service. Les autres avaient vingt-quatre heures pour disparaître.



59. La faillite totale de Hafid

Hafid et ses amis français n’avaient pas encore pris assez de précautions : ce petit embryon d’armée pourtant revu et corrigé allait leur claquer dans les doigts dès que le pays réel, à bout de patience, se mettrait à secouer le joug.

Le Maghzen (comme on nomme au Maroc le gouvernement qui emmagasine les impôts) avait en effet toujours pressuré le peuple, mais en cette année 1910, les exactions allaient prendre une direction grandiose, car le nouveau Maghzen sentait le sol se dérober sous lui et allait mettre les bouchées doubles pour « croûter » le pays ..

Comme la trique gouvernementale ne se faisait plus sentir qu’autour de Fèz, ces paysans là allaient payer pour les autres. Hafid avait bénéficié pendant quelques mois de contributions volontaires versées au Trésor par tous ceux - trompés par le "commandeur des "croyants" et ses promesses hypocrites, et qui voulaient participer financièrement à l’effort de guerre de libération, devoir sacré. Les volontaires étaient nombreux et les caisses d’Hafid pleines.

Tant qu’Hafid put jouer la comédie de la "guerre sainte", tout alla très bien, mais vint le jour où il ne put faire semblant de vouloir jeter l’envahisseur à la mer. Il se réfugia alors dans son palais protégé par les occupants, et refusant de bouger le petit doigt contre l’agresseur. Les dons se tarirent aussitôt.

C’était la faillite. Les produits normaux de la nouvelle fiscalité étaient, en effet, totalement parasités par les grandes puissances qui avaient installé un contrôleur sangsue derrière chaque fonctionnaire fiscal alaouite du makhzen.

L’argent drainé dans les ports et les marchés allait directement à ses anciens financiers juifs, dans les banques parisiennes et londoniennes, qui avaient avancé quelques millions pour les menus plaisirs du sultan et récupéré des centaines de millions, placement de spéculateurs juifs qui devenait placement de père de famille. Les rares ressources (domaine propre etc.) qui échappaient à la ponction étrangère, étaient si mal gérées qu’elles ne rapportaient pratiquement plus rien.



60. Le sultans: propriétaire du Maroc

Le sultan s’était ruiné dans un pays à peine mis en valeur par sa faute : les paysans ne cultivaient plus que le strict nécessaire pour ne pas mourir de faim, constamment à la merci des soldats pillards des sultans alaouites qui brûlaient les moissons, vidaient les silos, coupaient les arbres fruitiers, razziaient les troupeaux, si bien que les trois quarts de la terre marocaine cultivable étaient en friche. Les sultans n’avaient pas même eu l’astuce de certains de leurs homologues étrangers. Ils avaient tué la poule aux œufs d’or, ils avaient égorgé le mouton au lieu de le tondre. Résultat : il n’y avait plus d’œufs ni de laine. Ce qui prouve qu’on peut être à la fois bête et méchant. Les requins du maghzen alaouite connaissaient bien la tradition. Le sultan les laissait s’enrichir crapuleusement : concussion, prévarication, trafic d’influence, détournement des deniers publics, tripatouillage sur les fournitures aux armées, vol qualifié même, extorsion de fonds, rackets, tout l’éventail de la grande délinquance.

Quand le sultan jugeait que le bas de laine était assez dodu, il le confisquait et envoyait son ex-propriétaire en prison à vie. Une diète prolongée et des bastonnades régulières faisaient de ces cachots royales (les éternelles "Tazmamartes" des alaouites) l’échafaud de la mort lente. On pouvait tenir le coup quelques années, jamais plus. La mort « naturelle » faisait son œuvre, c’était bien commode. C'est la façon alaouite de "supprimer" la peine capitale"!

Sous le règne d’Hafid, la décomposition gouvernementale avait depuis longtemps pris quand même des allures de fin du monde. Les fidèles serviteurs du monarque, je veux dire Madani El Glaoui et sa clique de hobereaux ambitieux, tenteront d’accélérer le rythme ancestral du profit et de faire fortune en quelques mois alors qu’il fallait des années sous Hassan Ier.

Pour exploiter à fond le peu de temps qui leur était imparti selon toute vraisemblance, ils créèrent un nouvel impôt : la « Naiba ». C’était une taxe qui remplaçait le loyer des terres et des maisons, partant du principe que le sultan gérait - si l’on peut dire - les biens de la communauté musulmane pour "le plus grand profit" de celle-ci, théorie du droit. Il était donc propriétaire du Maroc.

Que fait un propriétaire ? Il encaisse des loyers. Enfantin! « Ce fut une ère lamentable d’exactions et de spoliations. », dit un témoin neutre, mais attentif.

Ce système multipliait ses effets désastreux sur le peuple, selon une progression géométrique.


61. Le loyer que les marocains
payent au proprétaire de leur pays !

Quand Madani El Glaoui jugeait, en toute iniquité, que le brave Youssef Ben Brahim, qui exploitait six hectares à El Hajeb et faisait pâturer 80 moutons, 20 chèvres et 5 vaches devait payer un « loyer » annuel de 10 moutons, 5 chèvres et 2 vaches, le caïd El Hajeb traduisait - en pensant à son petit bénéfice - : 20 moutons, 10 chèvres et 3 vaches. Son adjoint, qui allait percevoir directement le loyer (le métier de percepteur à main armée comporte des risques, il faut des primes de danger), l’augmentait encore si bien que le pauvre Youssef Ben Brahim se faisait extorquer 30 moutons, 15 chèvres et 4 vaches.

L’adjoint du caïd gardait évidemment « sa part » : il fallait bien rentabiliser le gros « cadeau » qu’il avait versé au caïd pour obtenir un poste de confiance aussi rémunérateur. Le caïd gardait aussi son pourcentage, car il avait versé de gros sacs de douros à Madani El Glaoui pour avoir le bonheur de servir son pays. Et Madani gardait le reste du «loyer » qu’il convertissait en pièces d’or et d’argent, - la bourgeoisie commençante de Fèz était là pour ça ! - plus facilement stockable que des troupeaux volés, dans ses casbahs de Télouet, Aït Ourir ou Taddert. Je prends la première part, parce que je m’appelle Grand-Vizir.

Pour peu que le loyer annuel soit perçu trois fois par an, le pauvre fellah devenait très vite indigent, sa femme prostituée et ses enfants mendiants errants promis à toutes les aventures. On ruine ainsi très vite un pays qui aurait du être un paradis terrestre. La communauté se paupérisait au profit exclusif de notables qui ne remettaient pas même le produit de leur rapine dans le circuit économique national. Et RIEN n’a vraiment changé sous les successeur de Hafid: Hasan II et Mohamed VI !

Madani El Glaoui était si vorace qu’il oublia de ménager, comme le voulait la coutume, les petits notables locaux, courroie de transmission provinciale plus ou moins solide de la tyrannie centrale "alaouite". Il détruisit ainsi la pyramide féodale qui ne reposait plus que sur sa pointe, lui. Erreur funeste, pour un chef de gang qui ne peut plus truander sans malfrat associé.

Le Glaoui se coupait de complice qui auraient pu devenir ses partisans en cas de coups durs. Tout pour lui et rien pour les autres. Il ne partageait plus le butin. Il était le gang à lui seul. Ce qui rendra «vertueux » un certain nombre de caïds déçus ne de plus être admis à table. Je rappelle que nous sommes en 1909-1910 et que ce n’est pas Lyautey (arrivé en 1912) qui a nommé le Glaoui grand-vizir et grand pillard du royaume, mais bien le seul Hafid, contrairement à ce que prétend Hassan II dans son mensonge "Le défi "!



62. Le makhzen, la corruption, les
intrigues et le pillage du Maroc?

La monarchie alaouite est seule responsable de la promotion de ces petits rongeurs devenus fauves. La hargne du piranha Glaoui se retourna tout-à-coup contre lui et son maître. Le caïd Akka, grand personnage des Ait Ou Bouidman (fraction des Béni Mtir) avait cru bon d'arrêter le chérif Kittani qui avait essayé de se faire élire sultan à la place de Hafid, lorsqu’il s’était réfugié chez lui, après l’installation de Hafid sur le trône familial. Kittani est mort sous les coups de cordes à nœuds mouillées et durcies au vinaigre. Akka, qui espérait sans doute faire une belle carrière au maghzen - le sultan cherchait des hommes qui avaient fait preuve d’un zèle inhabituel - après ce coup d’éclat, obligea des administrés à rentrer dans le giron du Palais et à payer leurs impôts sans couper la tête aux percepteurs boulimiques.

Pour le récompenser de sa fidélité, Madani El Glaoui l’avait mandé à Fèz, en décembre 1910. La fortune d’Akka était donc faite. Akka avait sauté sur son plus beau cheval, sans oublier de garnir une mule de jolis cadeaux. Cinq heures plus tard, il était jeté dans un cul de basse fosse. Pour le motif habituel et inavoué : on voulait en tirer encore plus. Effectivement, deux mois plus tard, il sortait de son trou à rats après avoir payé une rançon fabuleuse et complété la collection de douros de Madani El Glaoui, l’auréophage (le "mangeur d’or") !

Les contribuables d' Akka lui rembourseraient très vite la rançon, mais rien ni personne ne le dédommagerait de son humiliation et de ses ambitions déçues.

Ivre de rage, le caïd Akka entra aussitôt en campagne, visita tous les caïds des grandes tribus voisines (Beni Mtir, Zémour et Querrouane, plusieurs centaines de milliers d’hommes) et le 22 février 1911 - un mois après sa ruineuse libération - Akka réunissait les conjurés à Agouraï (sud de Meknès).

Son plan était simple et fut approuvé immédiatement : profitant de la fête du Mouloud qui aurait lieu trois semaines plus tard à Fèz, les cavaliers des tribus révoltées viendraient y rendre hommage au sultan, comme le veut la tradition et l’enlèveraient avec son âme damnée Glaoui.

Akka savait très bien que personne ne défendrait le sultan.

L’impopularité du trône était telle qu’après avoir mitraillé Abdelaziz, l’adolescent prolongé, les sujets excédés d’Hafid le paranoïaque, n’avaient plus qu’une ressource : son élimination physique. Pas de légalité pour les ennemis de la légalité. Contre le gang au pouvoir, des méthodes expéditives et définitives. Akka n’avait oublié qu’une chose : il y avait des sujets de mé*******ement encore plus pressés que lui. Les Cherarda se soulèveront avant la prise d’otage imaginée par Akka. C’était d’autant plus grave pour le Palais que les Cherada sont une tribu «guich », une tribu qui fournit le service militaire par roulement et qui, en échange de son «sang », ne paye pas d’impôts. Vieux système des monarchies qui fabriquent des privilégiés pour les lancer contre le reste de la nation écrasée d’impôts ! Monarchie alaouite, ferment de dis********.

Les Charada avaient déjà converti les Beni Hassen et le Hejaoua et risquaient surtout d’entraîner les trois autres tribus «guich», fer de lance émoussé, mais suffisamment aigu pour mettre fin à la présence alaouite sur le trône. Ces tribus étaient en «Siba », mot que les historiens colonialistes adorent employer, qu’ils traduisent par « anarchie » (raisonnement: Maroc= Anarchie, = nécessité de l’ordre, = occupation ="protectorat") et qui n’était que le refus clairement manifesté de ne pas céder au caprice sanglant du Palais.


63. Et dès que le makhzen est menacé, Hafid
réclame aussitôt la protection des occupants

Devant cette levée en masse Hafid s’affola et réclama aussitôt l’intervention de l’armée française qui restait l’arme au pied dans le Mechouar du palais de Fès. Le commandant Mangin prit donc la tête d’une colonne de 2.600 hommes et s’installa sur le Djebel Tselfat, point culminant du territoire des Cherardas… où les pluies de printemps le figèrent dans 60 centimètres de boue.

Akka, ses Beni Mtir et leurs alliés ne pouvaient plus attendre le Mouloud pour enlever le sultan : il fallait d’abord éliminer ces mercenaires étrangers qui lui servaient d’épée et de bouclier. Il attaqua le camp enlisé de Mangin et le 12 mars 1911, ses troupes grossies de ses tribus du Saïs , coupèrent toutes les routes qui mènent de Fès au port atlantique. C’était bien joué : les renforts français ne pouvaient passer.

Incapable de vaincre, Hafid résolut de convaincre et de « traiter » avec les insurgés, autrement dit de les diviser, ruse alaouite vieille de 250 ans d’expériences.

Les notables des tribus révoltées se seraient sans doute laissé prendre à sa stratégie de l’araignée, si la «base» n’avait hurlé à la trahison. Les Marocains ne voulaient plus ni reculer ni subir. Ils voulaient marcher sur Fèz pour renverser le régime. Hafid avait pourtant envoyé le caïd Mtouggui, grand maître de l’Atlas occidental, de Marrakech à Agadir, vieux renard encore finaud, endurci par quarante années de relation avec le makhzen, mais rallié in extremis à Hafid, il était donc prêt à tous les compromissions.

Encore une créature des occupants, sans doute chassé par la colère populaire le vieux Borgia de l’Atlas rentra le17 mars 1911 à Fèz. Bloquée à l’Ouest par Akka et ses amis, la ville venait d’être investie à l’Est par les Aït Youssi descendus des hauteurs de Séfrou, le plus beau jardin du Maroc. Encerclée, la ville d’Idriss était un camp (mal) retranché. Mangin profita de la nuit pour laisser son camp de Tselfat au commandant Brémond. Il retrouva un Hafid atterré. Il était trop tard pour se soumettre.


64. Le "Commandeur des Croyants"
sauvé par les non-croyants !

Il aurait fallu se démettre, si le jeu des forces politiques proprement marocaines avait joué seul. Mais ce Mangin réconforta le sultan aux abois : depuis son arrivée à Fèz, comme chef de la mission militaire française, il avait réussi à faire venir officiers et sous-officiers par petits paquets de10 ou 20. C’était plus discret à Paris comme à Fèz. Mangin avait rapidement fait ses comptes. Il avait deux milles hommes de troupe, débris de la garde noire et les mehallas du sultan, hommes de main de Madani El Glaoui et des grands féodaux du Sud. Pas brillant. Pratiquement pas opérationnelles, les forces propres du sultan étaient incapables de le protéger. Mais Mangin avait sa bonne artillerie qui avait déjà débarrassé l’Alaouite de son rival Bou Hmara. Canons français (80 de montagne et 75 Schneider), servants français, commandement français : le "Commandeur des Croyants" avait fière allure.

Dans un sursaut d’orgueil malheureux Hafid lança « ses » troupes contre le camp d’Akka, le 26 mars 1911, sans rien dire à Mangin. Hafid y perdit en moins d’une heure 40 tués, 50 blessés et 30 prisonniers. Akka et les siens qui n’avaient eu une égratignure contre-attaquèrent derrière les fuyards à la dérive. Fèz n’était plus qu’à une demi-heure de cheval !

Prévenu à temps, Mangin fit tonner toutes ses pièces. La charge qui sans cela eût été irrésistible, se brisa sur les obus de 75. L’artillerie française avait une nouvelle fois bien rempli son rôle : elle sauvait le sultan des occupants. Jamais un sultan n’avait été humilié à ce point : ses prédécesseurs avaient été dépouillés en rase campagne, il était le premier à être bousculé chez lui. Sauvé le 2 mars 1911 par les obus de Mangin, il le fut encore le 9 mars.

Mais les rangs des insurgés s’enflaient de jour en jour et la marée allait mathématiquement submerger Hafid. L’existence de la monarchie n’était plus qu’une question de jours, voire d’heures. «On ne lance pas une jeunesse à l’assaut du ciel », se défend Hassan II dans son unique livre et recueil de mensonges! Mais un peuple bafoué se lance tout seul à l’assaut d’une féodalité anachronique, défendue par l’artillerie docile de la Troisième République néo-jacobine juivée !



65. Avec de l’or juif , le sultan réclama
une armée à cent pour cent coloniale !

Mangin fit rappeler Brémond qui surveillait toujours les Chérarda sur le Djebel Tselfat. Et fraya un passage scabreux à coups de
canon
. Hafid faisait massacrer ses "sujets" pour se protéger d’une rébellion, inconsidérée sans doute et «romantique». Il envoya trois courriers à pied - ses fabuleux «rekkas » qui peuvent parcourir 70 kilomètres par jour - dans trois directions différentes, le 27 avril 1911. Deux furent pris et massacrés par les insurgés - mais le troisième se faufila entre les tentes, les feux de bivouac et les sentinelles sans doute endormies et parvint à Oujda où il déposa son message entre les mains de l’autorité française : son maître « demandait instamment l’envoi de troupes française » au gouvernement parisien. Le sultan reconnaissait à la face du monde qu’il ne voulait même plus de ses propres troupes : la fiction de son autorité s’effondrait.

Des conseillers militaires ne lui suffisaient plus, c’est une armée cent pour cent coloniale qu’il réclamait « instamment » et une intervention militaire étrangère, massive, car ses soldats n’obéissaient plus à leurs instructeurs français, ce qui se comprend fort bien, même quand on a servi un pareil maître, la faim au ventre, ils désertaient en masse pour rejoindre les insurgés dont ils comprenaient les motivations : eux aussi avaient eu des parents ou des amis razziés et molestés par le pouvoir makhzénien alaouite. Ils étaient des témoins des abus de pouvoir tous les jours.

Hafid n’avait plus un sou pour les nourrir et comme le couvert et la maigre solde étaient la seule raison de leurs présences après tant d’avanie, il n’avait plus rien pour les retenir. Les juifs faisaient dorénavant leurs affaires directement avec les nouveaux propriétaires du pays, les occupants français et et espagnoles, Le Glaoui refusait même de lui avancer de l’argent pour régler les soldes et alimenter les popotes pourtant frugales. Ainsi le Glaoui sciait vraiment la branche sur laquelle il était assis. Il croyait sans doute que Hakka déroulerait le tapis rouge sous les babouches de son auguste bourreau, quand il rentrerait dans le mechouar du palais en vainqueur et lui jurerait une amitié éternelle. La cupidité conduit à une cécité politique totale. Finalement, cette querelle de boutiquier besogneux fut réglée par un commerçant juif "français" installé à Fez et qui manipulait son consul : le négociant juif qui trouvait son compte au maintien du système accepta les traites de Hafid et donna de l’or garanti par du papier.

L’armée du sultan put dîner et les désertions se maintinrent à un niveau raisonnable, c’est-à-dire que le créneaux furent suffisamment garnis pour éviter au petit peuple de Fèz la tentation d’ouvrir nuitamment la porte aux assiégeants. L’armée alaouite restait à son poste pour faire de la figuration.

De l’or juif, des soldats français, la monarchie a beaucoup fait vraiment pour l’indépendance nationale ! Malgré toutes les "réalisations historiques" de Moulay Hafid, le makhzen d'aujourd'hui oublie de donner son nom à des lycées, à des barrages, et à des grands boulevards comme il a fait pour honorer la triste mémoire des autres potentats sultans voleurs alaouites! Les historiographes officiels du du palais sont-ils donc amnésiques ?


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